Avec 700 000 habitants, 37 communes et un territoire de 45 880 ha, Toulouse Métropole (Haute-Garonne) figure à la quatrième place des agglomérations françaises. Pour tenir ce rang, la communauté urbaine s’est engagée dans une ambitieuse restructuration de ses espaces publics, avec un objectif : faire du centre-ville un cœur à l’échelle de la métropole. Ce projet urbain repose sur la volonté de supprimer le trafic de transit, qui représente aujourd’hui 28 % du trafic total, et sur un meilleur partage de l’espace public. Autant dire une rupture dans les usages de la ville rose. Il repose aussi sur deux démarches complémentaires, entrées en phase opérationnelle depuis la fin 2012 : le projet « Toulouse centre », qui vise à moderniser le centre-ville tout en respectant son histoire ; et le projet « Grand parc Garonne », qui part à la reconquête du fleuve et propose de créer, sur une trentaine de kilomètres, des continuités sur les berges.
Confiées en 2010 respectivement à l’équipe de l’architecte urbaniste catalan Joan Busquets et à celle de l’agence TER, ces deux démarches sont aujourd’hui réunies dans leur concrétisation. En effet, parmi les 40 opérations pilotes identifiées sur la Garonne dans le plan-guide de TER, figure « l’arc culturel », dans le cœur historique de Toulouse. L’aménagement de cette partie du fleuve, qui comprend les places Saint-Pierre et de la Daurade, a été confié à Joan Busquets. Lui-même a mis le fleuve au centre de sa réflexion pour écrire le schéma directeur du centre-ville. Fidèle à sa méthode, l’urbaniste a effectué un repérage fin des lieux pour comprendre le tissu urbain, caractérisé par un développement sans discontinuer de l’Antiquité à nos jours, d’abord sur la rive droite de la Garonne, puis à l’est et au sud, avant d’arriver sur la rive gauche. Sa lecture attentive lui a permis d’identifier un octogone délimité par les grands boulevards, un espace de 635 hectares occupé par 70 000 habitants, sans compter les 50 000 salariés et les 30 000 étudiants.
Sol unitaire en granit
Reliés de bout en bout, ces grands boulevards forment une structure urbaine sur laquelle l’urbaniste veut s’appuyer. L’armature végétale sera conservée et renforcée. Le tracé des espaces dévolus à chaque flux sera rigoureux, par le traitement des contre-allées, le revêtement d’un sol unitaire en granit, le choix d’essences locales de type forestier (érables, chênes, etc.) et de larges trottoirs. Parallèlement, les éléments du passé seront scrupuleusement respectés : « Toulouse a la chance d’avoir un patrimoine préservé. Nous proposons de le valoriser avec des itinéraires qui permettent de traverser les époques. Nous apporterons de l’innovation, via le mobilier urbain et l’éclairage performant (voir p. 27). Les teintes choisies n’entreront pas en concurrence avec les façades. Le rose des pavés gris en porphyre sera plus ou moins prononcé à l’approche des bâtiments remarquables », précise Joan Busquets. Les grands axes pénétrants, les entrées de ville ou « rotules urbaines », les places se distingueront par une végétation spécifique (voir p. 26).
Pensé pour faciliter la mobilité et les déplacements doux, le projet de Joan Busquets n’éliminera pas totalement la voiture compte tenu de l’étendue du centre, lieu de travail et de vie actif. Mais le calibrage correct des faubourgs, un système de parkings incitatifs aux abords de l’octogone et un dispositif de sens uniques et de voies à 20 km/h doivent dissuader l’automobiliste de traverser l’hypercentre. La rue y devient une zone de rencontre (priorité donnée aux piétons et cyclistes) grâce à un plateau unique vidé des potelets antistationnement et autres entraves. Parmi les mesures phares figure la modification des accès à la place du Capitole, rendue piétonne sur trois côtés. Elle entraînera une révolution chez les Toulousains, habitués à s’y montrer avec leur voiture.





