Impuissante devant son endettement, la capitale du Var réduit ses investissements. Des projets portés par l'Etat, le privé ou les structures intercommunales.

Deux ans après l'arrivée aux affaires d'une nouvelle municipalité, Toulon continue à se débattre dans de sérieuses difficultés financières. Jean-Marie Le Chevallier, le maire, jure que la ville préfecture du Var n'en finit pas de payer les erreurs accumulées par la précédente équipe municipale. L'opposition rétorque que les décisions prises depuis vingt-quatre mois n'ont fait qu'aggraver la situation.

En réalité, les chiffres parlent d'eux-mêmes (voir « Chiffres clés »). Tout particulièrement, l'adoption à la mi-juin du budget supplémentaire montre que la troisième ville de la région Paca fait le choix délibéré de cesser ses investissements. Et le problème de l'endettement (1 781 millions de francs) ne semble pas devoir trouver un début de solution. Résultat : aucun projet d'envergure ne se dégage pour les années à venir - le tramway ne viendra au budget qu'après 2001. Plusieurs programmes déjà votés, comme les réhabilitations de logements sociaux, sont même retardés ou renvoyés à des jours meilleurs. Dernier exemple en date : la cité de « la Beaucaire », dont les travaux de rénovation ont été reportés pour un montant de 5,3 millions.

Certaines opérations publiques - jugées trop coûteuses - ont également été annulées et cèdent la place à des programmes privés. C'est notamment le cas de la médiathèque (voir ci-dessous) et de la nouvelle mairie, à l'entrée est de la ville, dont la dalle est à vendre, la municipalité ayant renoncé à y implanter un jardin public. Le prix estimé pour cette opération (8 millions) était trop élevé pour les finances communales...

Les choix budgétaires pèsent bien évidemment sur les organismes liés à la municipalité. La nouvelle SEM « Toulon Aménagement » (ex-Semtad) avoue manquer de moyens pour accélérer le processus de réhabilitation du centre-ville. « Nous devons nous montrer très prudents avant de lancer une opération, car nous sommes sur

la corde raide. Il est clair que cette situation pèse sur notre activité et sur

nos projets », explique l'un de ses responsables.

Même prudence pour Toulon Habitat. Avec seulement 4 millions de francs de subvention municipale pour l'année, l'office d'HLM de la ville a beaucoup de mal à rénover un patrimoine souvent très dégradé. Cinq cents appartements devaient faire l'objet de travaux cette année. L'objectif sera très difficile à atteindre.

Quant aux rapports avec les communes voisines, ils sont actuellement tendus. Jean-Marie Le Chevallier a notamment annoncé que la ville allait quitter le Syndicat intercommunal de l'aire toulonnaise (Siat). Un grand nombre de dossiers économiques et urbains pilotés par cet organisme devraient se trouver passablement compliqués par ce retrait.

L'aire toulonnaise choisit le tramway

De son côté, le Syndicat intercommunal des transports en commun de l'agglomération toulonnaise (Sitcat), organisme qui regroupe huit communes de l'aire toulonnaise, a définitivement choisi le tramway comme mode de transport en commun en site propre (TCSP) entre Saint-Mandrier et Le Pradet.

L'autre alternative examinée par les élus et les techniciens du Sitcat - le transport routier guidé (TRG) - a été écartée pour des raisons à la fois techniques et urbanistiques.

Fonctionnant à l'électricité, pouvant atteindre des pointes de 70 km/h, le « tram » de l'aire toulonnaise n'attend plus que le feu vert du ministère des Transports pour devenir une réalité. Les maires des huit communes concernées (La Garde, Ollioules, Le Pradet, Le Revest, Saint-Mandrier, La Seyne-sur-Mer, Toulon, La Valette) viennent d'ailleurs de demander à Jean-Claude Gayssot d'engager la procédure de « prise en considération ». Cette procédurepermettra de lancer l'enquête publique, sans doute courant 1998.

A l'étude depuis de nombreuses années, le projet de TCSP prévoit de relier, dans un premier temps (à l'horizon 2005), la Beaucaire (à l'ouest de Toulon) à la Coupiane (La Valette-du-Var). Une seconde étape (2010) permettra de prolonger la ligne en direction du Pin-Rolland (Saint-Mandrier) et des Quatre-Saisons (Le Pradet). Au total, le TCSP devrait parcourir une trentaine de kilomètres et desservir, à terme, 48 stations.

Les travaux pour réaliser le premier tronçon sont prévus dés le début de 1999. Le budget prévu pour cette opération s'élève à 3,2 milliards de francs (dont 1,5 milliard pour le premier tronçon) ; les collectivités prenant à leur charge 810 millions de francs. L'Etat versera une somme équivalente aux collectivités, et les entreprises de plus de neuf salariés seront également sollicitées via le versement transport.

Chiffres clés :Population : 167 619 habitants.

Budget primitif 1997 : 1 669 millions de francs.

Budget supplémentaire : 126 millions d'excédent (dont 19 millions d'excédent d'investissement et 107 millions d'excédent de fonctionnement).

Epargne nette : - 33,7 millions de francs.

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