Deux projets strasbourgeois de logements collectifs réalisés par autopromotion pourraient entrer en phase de chantier dans les mois à venir. Le plus avancé, porté par l’association Eco-quartier, créée en 2000 et présidée par Bruno Parasote, directeur des services techniques d’Illkirch-Graffenstaden, a déjà passé l’obstacle foncier. Onze foyers prévoient d’élire domicile dans l’îlot de Lombardie, sur la zone d’aménagement concerté de l’Etoile. Parmi la cinquantaine d’adhérents d’Eco-quartier, neuf familles se sont associées dans le groupement Eco Logis, qui a finalisé ses choix environnementaux et techniques le 15 décembre, en concertation avec la maîtrise d’œuvre : coutumiers de l’autopromotion qu’ils pratiquent à Fribourg-en-Brisgau, Gies Arkitekten et le bureau d’études Solares Bauen, de Fribourg-en-Brisgau se sont associés avec le strasbourgeois Tekton Architectes, désireux d’adapter ce concept en Alsace.
Du sur-mesure en collectif. La même idée de créer des appartements sur mesure dans un immeuble collectif urbain guide Initiative pour un projet immobilier de développement durable dans l’agglomération strasbourgeoise (Ippidas), association présidée par l’urbaniste Bertrand Barrère depuis sa création en 2004. L’échec des 22 associés, dans la compétition orchestrée fin 2006 par la communauté urbaine de Strasbourg pour sélectionner les promoteurs des Rives du Borie, à Ostwald, ne désarme ni le maître d’ouvrage, ni son partenaire : « Cette candidature a créé une effervescence qui crédibilise le projet », estime Pascal Jacquin, directeur général du Nouveau logis de l’Est (groupe SNI). L’accord entre le bailleur social, l’association et l’architecte strasbourgeois Bruno Mosser (Architecture et soleil) s’est noué autour d’un immeuble associant six logements sociaux, 22 appartements sur mesure, ainsi qu’une chambre d’amis, un atelier de bricolage et un espace festif. La filiale alsacienne du groupe SNI sécurise l’opération en assurant son portage foncier et la garantie de sa reprise, en cas de dissolution de l’association.
En économisant la marge du promoteur, les porteurs des deux projets espèrent franchir un cap dans la qualité environnementale, en aboutissant à un prix de sortie situé dans la fourchette basse du marché strasbourgeois, soit 2 500 euros par an. Tous deux s’orientent vers des consommations d’énergie inférieures à 15 kWh/m2 et par an, c’est-à-dire la norme des « maisons passives » d’Allemagne.
« Réconcilier les gens avec la densité ». La volonté d’innovation porte autant sur les qualités environnementales que sur les formes architecturales. « Alors que la créativité française s’est appauvrie dans le domaine du logement ces 20 dernières années, les exemples d’éco-quartiers allemands ou suisses peuvent réconcilier les gens avec la densité urbaine », espère Bertrand Barrère. « Un système porteur en bois et béton, de façade à façade, ménage une grande souplesse dans l’aménagement des plateaux », explique Bruno Mosser. Dans l’îlot de Lombardie, la végétalisation partielle des façades signalera la singularité du projet Eco-Logis, en favorisant l’intégration dans un quartier qui laisse une place au végétal.
La participation du Nouveau Logis de l’Est au projet Ippidas pourrait déboucher sur un modèle reproductible : « La démarche bénéficie du soutien de notre président Rémi De Nijs ; l’ensemble du pôle logement social de la SNI s’intéresse à l’expérience », se réjouit Pascal Jacquin. Le directeur du Nouveau Logis de l’Est estime le marché potentiel de l’autopromotion à un millier de logements par grande agglomération.
