Soigner son bleu et repeindre son vert

Dix ans après -

Analyser un parc public dix ans après son inauguration : cet exercice rare, à l’initiative du Conservatoire des jardins et paysages, a réuni des représentants de la filière paysage le 15 juin, autour du parc des Bruyères de Bois-Colombes (Hauts-de-Seine).

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Le grand nettoyage biennal au nettoyeur haute pression bat son plein, par ce matin gris du 15 juin, à l’entrée du parc des Bruyères de Bois-Colombes (Hauts-de-Seine), sur les pavés en pierre reconstituée. Toute cette semaine, les jardiniers municipaux unissent leurs efforts à ceux de la société Sepur, titulaire d’un marché pluriannuel de nettoiement de la ville. Cette coopération entre public et privé permet de lisser la charge des uns et des autres, et de compléter l’entretien régulier de cette esplanade : deux à trois fois par an selon l’ampleur de la repousse, la ville désherbe cette zone par brûlage thermique, comme le reste du parc et l’ensemble de ses espaces publics. Sur l’allée principale et depuis deux semaines déjà, les promeneurs peuvent apprécier le nouveau revêtement en enrobé beige, choisi par la ville après une phase d’essais pour se rapprocher autant que possible de la teinte et de l’aspect de l’ancien cheminement en stabilisé renforcé.

Épopée pluviale

Confié à Asten, titulaire du marché pluriannuel d’entretien des voiries municipales, ce chantier renvoie au plus important dysfonctionnement rencontré sur le parc dans les années qui ont suivi l’inauguration de 2006 : l’envasement récurrent des 1 100 m3 du bassin de rétention des eaux pluviales, joyau esthétique et source de l’arrosage automatique du parc, conçu sans filtration ni rétention en amont. Pionnier dans le traitement et le recyclage écologique des eaux pluviales de toitures et de terrasses, le bassin a essuyé les plâtres d’une pratique encore peu répandue lors du chantier, certains bâtiments environnants ayant raccordé leurs réseaux d’eaux usées sur celui des eaux pluviales. La matière organique ainsi déversée avait entraîné une prolifération d’algues, dont une partie allait tapisser la grande pelouse attenante au bassin, via l’arrosage automatique. Ce dysfonctionnement s’est ajouté à un envasement prématuré généré par le ruissellement du sable des allées, ainsi qu’aux fuites occasionnées par les défauts d’étanchéité du liner. Les années 2013 et 2014 ont permis de venir à bout de « l’épopée du bassin », selon l’expression d’Henri Vincent, adjoint au maire en charge de l’environnement, à l’issue d’un chantier mené par Soprema pour les reprises d’étanchéité, et Asten pour le comblement des affaissements. Depuis le local technique enterré, le fontainier municipal pilote désormais l’installation dans le local où se régulent l’arrosage automatique et le circuit hydraulique, avec son arrivée d’eau de ville en cas de déficit pluviométrique, et son trop-plein lorsque le niveau d’eau dépasse la zone de marnage de 50 cm. Conquis par l’espace vert de 2 ha qui donne son identité au nouveau quartier sud de la ville, le public, lui, n’a pas su grand-chose de cette épopée. Entretenu en régie et surveillé par les gardiens de square municipaux, le site suit l’évolution des usages et des demandes sociétales : après l’installation de toilettes publiques, la plantation d’épineux à l’arrière des massifs coupe court à la tentation des cachettes. Sur la butte coiffée d’une gloriette - pardon, d’un temple d’amour ! -, des remplacements de végétaux, associés à des cordelettes le long de l’allée, préviennent la création de cheminements anarchiques. Du haut de ce monticule, les jardiniers municipaux veillent à préserver une fenêtre visuelle plongeant sur le bassin en contrebas. Un parcours sportif dédié aux adolescents et aménagé trois ans après l’ouverture du parc recueille également l’adhésion des adultes. Les oiseaux symbolisent une autre évolution : des nichoirs facilitent leur implantation et permettent de communiquer avec le public, et une palette végétale plus fleurie attire les insectes. Le maintien d’un arbre mort participe de la même logique, au profit notamment des piverts et des pics épeiches. Fidèle à la conception initiale, cet enrichissement montre la compatibilité entre l’art des jardins et l’écologie.

Laurent Miguet

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