Le projet de rénovation urbaine du quartier du Val Saint-Jean à Saint-Lô a été initié à la suite d’une étude d’urbanisme lancée par l’office public HLM de la Manche sur un ensemble d’immeubles de logements sociaux vétustes construits sur le site. « La Ville de Saint-Lô a souhaité élargir l’étude à l’ensemble du quartier, classé en zone urbaine sensible, afin de l’inscrire dans les enjeux plus larges de l’Anru », explique l’architecte Jean-Pierre Lamache, lauréat avec François Maufra de la consultation. Ce projet est actuellement en cours d’instruction à l’Anru comme opération isolée, ce qui signifie qu’il ne fera pas l’objet d’une convention, même si l’agence nationale participe – à faible hauteur – au montage financier.
Rétablir des continuités. Réalisé dans les années 1960 et 1970, le quartier du Val Saint-Jean, 25 ha, s’est bâti sur une topographie qui n’a guère été prise en compte et qui est à l’origine de son enclavement : le fond du val a été affecté à une voie de circulation passante, qui a scindé le quartier en deux. De part et d’autre de cette voie, au sommet des coteaux, ont été implantées les barres et les tours (plus de 900 logements). Entre les deux, les pentes font aujourd’hui figure de délaissés, renforçant l’isolement des immeubles.
Juste retour des choses, c’est la topographie qui est à l’origine de la stratégie de désenclavement proposée par les architectes. Elle permet de rétablir des continuités entre les différents secteurs et de replacer le grand ensemble dans une logique de parcelles, d’îlots et d’espaces publics. C’est également la pente qui détermine de nouvelles typologies d’habitat : des logements intermédiaires et individuels groupés (80 au total), dotés de jardins privatifs et fédérés par une architecture en terrasses, en remplacement de neuf barres démolies (223 logements) au nord de l’avenue ; d’autres sites dans la ville accueilleront les opérations de reconstruction complémentaires. Cette architecture en terrasses encadrera de grands emmarchements sur les pentes.
Au sud de la voie principale, le dénivelé sera également exploité pour introduire une circulation piétonne surélevée sur un socle de locaux divers et de boxes de parking. En retrait du trafic intense de l’avenue et à niveau avec les rez-de-chaussée d’immeubles à réhabiliter, ce cheminement fermera les espaces collectifs en U induits par la forme du bâti, pour constituer des cours qui renouent avec une figure urbaine familière.
Remettre en scène les équipements. A l’inverse, d’autres espaces verts retrouveront un statut vraiment public. Les barres, objet de la démolition, confinent en effet aujourd’hui des espaces généreux et abondamment arborés. Résultat, seuls les habitants des immeubles en profitent. Ils seront donc réinvestis dans un nouveau parc urbain, à l’échelle de la ville et accessible à tous.
Les nappes de parkings actuelles qui bordent ces espaces verts seront remplacées par un stationnement en file le long des voies, plus urbain et plus sécurisant.
Autre action à négocier, le déplacement d’une activité qui occupe le centre du quartier (10 % de la surface de la ZUS). Libérée, cette emprise sera affectée à un mail nord-sud planté. Reliant les voies de desserte existantes, il recomposera un maillage cohérent qui remettra en scène les équipements aujourd’hui enclavés, à l’instar de l’école Calmette et Guérin. Celle-ci sera valorisée par un nouveau parvis dans la continuité du mail.
Ces nouvelles logiques urbaines auront aussi pour effet d’établir des règles claires de gestion entre l’office HLM et la Ville.




