Le square de la Peupleraie, actuellement en cours de chantier résume l’esprit du programme de rénovation urbaine Meinau-Canardière : loin de faire table rase de la trame urbaine réalisée entre 1957 et 1961, la recomposition de cet espace public, qui passera de 1,2 à 1,8 ha, en prolonge le dessin et en restaure la lisibilité. Maître d’œuvre de cette opération, l’Atelier du paysage (avec Est-Ingénierie) orchestre « une réponse du végétal à l’urbain », selon l’expression du chef de projet Emmanuel Moro.
Repensé comme l’étape verte d’une promenade traversant le quartier, cette opération symbolise une stratégie de redécoupage du foncier, à l’échelle des 9 000 habitants et des quelque 3 457 logements – dont 93 % sociaux –, menée dans le cadre d’une procédure de lotissement. Ce qui permet à la CUS (Communauté urbaine de Strasbourg) de récupérer un espace public élargi. Un parti qui se justifie d’autant mieux qu’avec son emprise de 37 hectares, le quartier, d’une faible densité, offre une bonne marge de manœuvre foncière.
Maîtrise d’œuvre interne. Rompue à la problématique de la rénovation urbaine depuis le lancement du GPV (grand projet de ville) du quartier voisin du Neuhof, la CUS a confié à ses propres services – la Direction de la mobilité et des grands projets urbains – la mise en cohérence des cinq opérations bénéficiant de fonds Anru (Agence nationale de rénovation urbaine) de l’agglomération.
A la cité de la Canardière, la maîtrise d’œuvre interne est allée jusqu’à la rédaction d’un plan guide, qui privilégie la résidentialisation à la démolition-reconstruction. « Cette stratégie se révèle bien adaptée à un quartier dont la rénovation s’appuie sur un partenariat préparé en amont, par l’ensemble des acteurs. Mais après avoir posé les principes directeurs, un accompagnement par des professionnels expérimentés nous a paru nécessaire », explique Stéphanie Strasser, chargée d’étude au service programmation et conception urbaine. Ainsi deux équipes ont été désignées au printemps 2006, pour assurer d’une part la coordination architecturale, urbaine et paysagère (Athanor et Axe Saône), d’autre part le pilotage des chantiers (Habitat et Territoires Consulting avec Janus Consulting).
Les chantiers se font sous maîtrise d’ouvrage de la CUS et des deux principaux bailleurs, CUS Habitat qui gère 1 700 logements à la Canardière et la Société immobilière du Bas-Rhin (Sibar) qui gère 1 400 logements.
Le défi de la coordination. Sur ce terrain bien balisé, les équipes externes sont passées par une phase de rodage, jusqu’à l’automne 2006 : « Il nous a fallu convaincre les services communautaires et les deux bailleurs que nous n’apportons pas une couche supplémentaire, mais un élément facilitateur », explique Marc Filiu, gérant d’Athanor. La greffe s’est révélée d’autant plus délicate qu’avant cette phase, la Sibar avait déjà engagé deux opérations de résidentialisation et de démolition-reconstruction.
Habituée à travailler en coordination avec la Communauté urbaine et l’Atelier Yves Lion dans le quartier du Neuhof, CUS Habitat s’est plus facilement coulé dans le nouveau moule, en engageant en octobre 2006 les travaux de sa première opération de résidentialisation.
La coordination entre les acteurs est importante pour consolider l’identité du quartier. « Nous avons la chance de nous appuyer sur une perception très positive de la rénovation urbaine », se réjouit Pascal Mangin, adjoint délégué au quartier de la Meinau.
Les deux tiers des habitants du quartier se sont rendus à l’exposition qui a préparé le lancement du chantier du square de la Peupleraie et les riverains participeront à la végétalisation du nouveau square. Simultanément, le cinquantenaire de la cité de la Canardière donnera l’occasion d’approfondir un travail de mémoire qui, selon Pascal Mangin, doit engager le quartier dans un processus de rénovation permanente.






