Plus de Verts mais Ségolène Royal pour l'Ecologie, Arnaud Montebourg seul maître à bord au ministère de l'Economie, Sylvia Pinel bombardée au Logement, voilà les trois informations majeures à retenir pour le secteur du BTP à propos du gouvernement de Manuel Valls.
Ségolène Royal, candidate PS en 2007 à la présidentielle, mère des quatre enfants du chef de l'Etat, fait donc son entrée au gouvernement Valls, 22 ans jour pour jour après sa nomination au ministère de l’Environnement du gouvernement Bérégovoy. Un hasard symbolique !
Mais surtout en nommant un poids lourd politique et d’expérience comme Ségolène Royal et en la plaçant n°3 de l’équipe gouvernementale, derrière Laurent Fabius, ministre du Développement International et des Affaires Etrangères, le gouvernement envoie un signe fort et montre qu’il ne laisse pas de côté l’écologie, même sans la participation des Verts.
Ségolène Royal, à la tête du ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Energie (elle pourrait avoir seule la main sur ce dossier), en remplacement de Philippe Martin, se donne pour ambition de « faire de la France l’une des premières puissances écologiques d’Europe », comme elle l’a souligné lors de la passation de pouvoirs. Un domaine qu’elle connaît pour l’avoir porté haut et fort, d’abord sous le gouvernement de Pierre Bérégovoy (1992-1993), puis lorsqu’elle a fait de l’écologie le cœur de sa campagne pour la Présidence de la République en 2007 et bien sûr dans sa région Poitou-Charentes, qu’elle voulait « une excellence environnementale » et où elle a mené de nombreuses actions dans le domaine de la croissance verte et des éco-industries (plan après-pétrole en 2005 ; plan régional solaire avec la Banque européenne d'investissement en 2009, une première en Europe ; plan Mobilité électrique).
Pour Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables, la nomination de Ségolène Royal est ainsi "une très bonne nouvelle pour les filières françaises des énergies renouvelables. Nous nous tenons à sa disposition pour avancer très vite sur le projet de loi de transition énergétique".
Montebourg et Pinel "promus"
Dans ce nouveau gouvernement dont le porte-parole est le - toujours- ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, entre François Rebsamen. Ce proche de François Hollande, nommé au Travail pour se charger de la bataille contre le chômage, est la seule autre nouvelle tête d'un gouvernement voulu "paritaire et resserré, un gouvernement de combat". Il regroupe "des ministres avec une surface politique, une expérience, qui leur permettra de porter avec force leurs dossiers", a expliqué l'entourage du président de la République.
François Rebsamen remplace Michel Sapin, qui file à Bercy s'occuper des Finances. Ce dernier aura la lourde charge de trouver les 50 milliards d'économies d'ici 2017 nécessaires au respect de l'engagement de réduction des déficits et au financement du futur Pacte de responsabilité. Et il devra cohabiter avec Arnaud Montebourg, déjà chargé du Redressement productif, qui récupère le portefeuille de l'Economie perdu par Pierre Moscovici. Le chantre du Made in France, héraut de la Nouvelle France Industrielle et de ses 34 plans qui concernent de nombreuses branches du BTP, aura la haute main sur les achats publics.
De sept ministres (Moscovici, Cazeneuve, Bricq Montebourg, Pellerin, Pinel, Hamon) on passe donc à deux.
La surprise vient de la nomination de Sylvia Pinel pour remplacer Cécile Duflot qui avait refusé très tôt d'entrer dans le gouvernement Valls. L'ancienne ministre de l'Artisanat qui a notamment négocié la réforme du statut de l'auto-entrepreneur se voit donc promue ministre du Logement et de l'Egalité des territoires... mais pas en charge de la politique de la ville dont Cécile Duflot avait la tutelle et dont s'occupait François Lamy. Celle-ci échoit de manière un peu surprenante à Najat Vallaud-Belkacem qui cumule Droits des femmes, Jeunesse, Sports et donc politique de la Ville.
Par ailleurs, Aurélie Filippetti demeure rue de Valois, en charge de la Culture et de la Communication et Marilyse Lebranchu, proche de Martine Aubry, garde pour sa part la main sur la Décentralisation, la Fonction publique et la Réforme de l'Etat.
Quels soutiens parlementaires ?
A la tête de cette nouvelle équipe, Manuel Valls prononcera son discours de politique générale mardi 8 avril à l'Assemblée nationale.
Le premier problème pour le nouveau Premier ministre sera de convaincre les écologistes de voter la confiance au gouvernement sur le pacte de responsabilité, alors que plusieurs dirigeants écologistes l'ont déclaré "invotable". Le chef des sénateurs EELV, Jean-Vincent Placé, a d'ores et déjà réservé sa réponse. Même si les écologistes ne votaient pas la confiance, le gouvernement ne serait cependant pas en péril, les socialistes ayant la majorité absolue à l'Assemblée nationale. En revanche, la vague bleue des dernières municipales va redéfinir la donne au Sénat qui devrait basculer franchement à droite et ralentir le jeu parlementaire
Autre souci pour l'ex-ministre de l'Intérieur: parvenir à amener à lui la gauche du PS, très critique à son endroit. La promotion de M. Hamon, chef de file d'un de ces courants, "un Monde d'avance", est peut-être de nature à calmer leurs ardeurs.
Le premier Conseil des ministres se tiendra vendredi 4 avril à 10H00. Des secrétaires d'Etat seront cependant nommés la semaine prochaine.