Des dizaines de banderoles « Non au GCO » annoncent depuis plusieurs semaines le démarrage de l’enquête publique sur le grand contournement ouest de Strasbourg, dans la plupart des villages du Kochersberg, région de collines directement touchées par les 24 km du projet d’infrastructure. Engagée entre le 1er juin et le 13 juillet, la procédure jouit d’une publicité d’autant plus exceptionnelle qu’un autre acte administratif majeur est intervenu le 1er juin : l’approbation du schéma de cohérence territoriale de la région de Strasbourg (Scoters).
Effervescence au Kochersberg. « Ce document mentionne le GCO sur le mode indicatif, alors que des premières versions plus prudentes utilisaient le conditionnel », s’insurge René Wunenburger, maire de Griesheim-sur-Souffel. Comme beaucoup de ses collègues, l’élu a vécu ce détail de syntaxe comme une provocation, susceptible d’alimenter d’éventuels recours contre le Scoters. Sur le fond, les maires, agriculteurs et défenseurs de l’environnement associés dans le collectif contre le GCO se retrouvent sur deux arguments clés : « Le projet n’apporte aucune réponse aux difficultés quotidiennes d’accès à Strasbourg par l’ouest ; le transport public doit constituer la priorité en matière d’infrastructures », estime Roger Strebler, président du syndicat intercommunal à vocation multiple La Souffel. Les opposants fondent leur argumentation sur l’expertise indépendante confiée par la direction régionale de l’équipement au bureau d’études TTK, de Karlsruhe, en réponse à la demande d’Alsace Nature.
Pour justifier « la dernière autoroute alsacienne en rase campagne » et démontrer l’intérêt de l’investissement de 350 millions d’euros qui prendrait la forme d’une concession, l’Etat tire argument de cette même expertise. Fort des soutiens de la communauté urbaine de Strasbourg, du conseil général du Bas-Rhin et du conseil régional d’Alsace, le maître d’ouvrage rappelle les enjeux : la continuité de l’axe autoroutier nord-sud de l’Alsace devient « de plus en plus indispensable », estime Olivier Quoy, responsable de la maîtrise d’ouvrage à la direction régionale de l’équipement. Deux exemples illustrent la volonté de réduire les impacts paysagers et sonores : un concours d’architecture précéderait la réalisation du viaduc de Kolbsheim, proche d’un château classé ; la traversée de Vendenheim emprunterait une tranchée couverte.
Entre un fuseau desservant Molsheim et Saverne et un tracé plus proche de Strasbourg, cette dernière option s’appuie sur la volonté de coller à la dynamique économique alsacienne, centrée sur la capitale régionale. « Le débat de 1999 a mis en lumière la nécessité de chercher le maximum d’effets sur Strasbourg », rappelle Olivier Quoy : en prenant du trafic à la partie urbaine de l’A35, le GCO inciterait à la création d’un boulevard urbain. La direction régionale de l’équipement se prépare à prendre la maîtrise d’ouvrage de cette opération sans précédent, en matière de reconversion de site autoroutier urbain.
Le grand hamsters’adapte à l’autoroute. Dans l’immédiat, la dernière étape opérationnelle avant le lancement du GCO suit son cours : après l’avis favorable rendu le 25 avril par le Comité national pour la protection de la nature au sujet du grand hamster d’Alsace, la direction régionale de l’équipement lancera, fin 2006 ou début 2007, les appels d’offres relatifs à la dernière section de la voie rapide du piémont des Vosges (VRPV), sur laquelle doit se connecter le GCO, au nord-est d’Innenheim. La réalisation des travaux, d’ici à 2008, permet de coller au calendrier qui prévoit la mise en service de la nouvelle autoroute en 2012. Comme dans les tranches précédentes de la VRPV, un conventionnement avec l’Etat prescrira aux agriculteurs concernés la culture de luzerne ou de céréales à pailles : « Les comptages de terriers réalisés en avril démontrent l’efficacité de ce type de mesures, pour la sauvegarde du grand hamster », assure Olivier Quoy.