Quartier d’affaires La seconde vie de La Défense

D’ici à 2013, 450 000 m2 de bureaux supplémentaires seront construits à La Défense, dont 180 000 m2 issus de démolitions-reconstructions. Ces projets s’inscrivent dans le plan de renouveau du quartier d’affaires de l’Ouest parisien présenté en 2006. Les nouvelles tours, plus hautes, seront aussi plus écologiques : La Défense a l’ambition de devenir une référence dans le domaine du développement durable.

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«Nous avons accompli la première partie du plan de renouveau de La Défense en un temps record », se félicite Bernard Bled, directeur général de l’établissement public pour l’aménagement de la région de La Défense (Epad). Présenté le 25 juillet 2006 par Nicolas Sarkozy, alors président du conseil d’administration de l’Epad et ministre de l’Intérieur, et Dominique Perben, alors ministre de l’Equipement, le projet de relance du quartier d’affaires de l’Ouest parisien prévoit, à l’horizon 2013, de réaliser 450 000 m2 de bureaux supplémentaires (dont environ 180 000 m2 issus de démolitions-reconstructions), de 100 000 m2 de locaux pour le ministère de l’Equipement et de 100 000 m2 de logements (1 400 logements).

Tours obsolètes. « Nous avons quasiment commercialisé les 450 000 m2 de bureaux, à l’exception des 50 000 m2 de la tour Signal qui fait actuellement l’objet d’une consultation internationale auprès d’équipes d’investisseurs-concepteurs », indique Bernard Bled. C’est en mars 2005 qu’il a reçu la lettre de mission du ministre de l’Equipement lui demandant d’élaborer un plan destiné à assurer la pérennité du quartier d’affaires et à garantir sa compétitivité au niveau européen. Le site, considéré comme une réussite avec ses 3 millions de m2 de bureaux, ses 1 500 entreprises, ses 170 000 salariés et ses 200 000 m2 de commerces, est cependant soumis à une forte concurrence : sur les dix groupes mondiaux qui y étaient implantés en 1995, sept ne le sont plus en 2005. Mais surtout, ses tours ont vieilli. Un audit réalisé par Ernst and Young montre que sur les 71 immeubles de grande hauteur, 17 sont potentiellement hors marché, soit 20 % du parc. « Ne pas procéder rapidement à leur rénovation signifierait une obsolescence accélérée de ces tours avec à la clé un risque de dégradation de l’image du quartier », déclarait à l’époque Dominique Perben.

Exonération de la redevance sur les bureaux. Pour encourager les opérations de démolition-reconstruction, le gouvernement a décidé de ne pas les soumettre à la procédure d’agrément, dans la limite d’une extension de leur surface de 40 000 m2 ou de 50 % de la surface initiale et de les exonérer de la redevance sur les bureaux à concurrence des mètres carrés démolis et reconstruits. Cette seconde disposition, adoptée dans la loi de finances rectificative pour 2006, a d’ailleurs été élargie à toute l’Ile-de-France, « pour permettre la modernisation des bureaux anciens et obsolètes dans les territoires en mutation ». Selon la région, qui perçoit cette taxe, cette mesure devrait conduire à une perte de recettes futures d’au moins 150 millions d’euros sur dix ans.

Le plan de modernisation trouve aussi sa traduction dans le décret en Conseil d’Etat du 20 août 2007, pris en application de la loi du 27 février 2007. Ce texte arrête les règles d’urbanisme applicables dans le périmètre de La Défense qui permettront de sécuriser la base juridique des permis de construire délivrés, en attendant que les communes adoptent leur plan local d’urbanisme (PLU), probablement en 2008. En effet, depuis 1981, en l’absence de tout document d’urbanisme lui permettant d’asseoir juridiquement sa mission d’aménageur, l’Epad doit se référer aux plans d’occupation des sols des communes d’accueil (POS partiels à Puteaux) ou au règlement national d’urbanisme (à Courbevoie).

Huit projets. Au total, huit opérations seront lancées dans le cadre du plan de renouveau : tours Phare, Majunga, Signal et la salle des marchés de la Société générale pour les constructions neuves ; tours Generali, Air 2, D2 et Carpe Diem pour les démolitions-reconstructions. « Au mieux, les premiers coups de pelle pourront être donnés à la fin de l’année 2008 et les livraisons devraient s’échelonner à partir de 2011 jusqu’en 2014 », précise Bernard Bled.

En attendant, l’Epad réalisera les travaux préalables à la construction des nouveaux bâtiments comme la tranchée couverte au-dessus de la RN314 sur laquelle sera édifiée la salle des marchés de la So­ciété Générale. Compte tenu de l’ampleur des chantiers à mener au cours des six prochaines années, l’établissement public a mis en place, en juin, les « forums défensiens », réunions d’informations et de dialogue avec les habitants du quartier sur les travaux en cours et les projets à venir.

Développement durable. « Les nouveaux immeubles que nous allons construire devront être le nec plus ultra en matière de technologie, de services et de qualité architecturale, poursuit Bernard Bled. Et nous veillerons à ce qu’ils soient exemplaires dans le domaine du développement durable. » Le directeur général de l’Epad, qui a l’ambition de faire de La Défense une référence en la matière, a pris l’initiative de fédérer les grands quartiers d’affaires autour d’une charte du développement durable fixant les engagements et les objectifs à atteindre dans le domaine de l’eau, des transports, de l’efficacité énergétique… Ce texte en dix points sera présenté aux participants du premier sommet mondial des quartiers d’affaires pour le développement durable organisé à La Défense, les 14 et 15 février prochains.

Emblème de la nouvelle Défense. Cette grande manifestation donnera le coup d’envoi de l’année du cinquantième anniversaire de l’Epad que jalonneront d’autres événements illustrant la vitalité retrouvée du quartier d’affaires. En février, l’établissement public présentera les résultats des différentes études menées dans l’objectif de rendre le quartier d’affaires plus convivial, plus agréable à vivre pour ses habitants et ses salariés et plus accessible pour les populations des communes voisines. « Nous l’aimons, mais il faut être honnête, le site a vieilli, commentait Dominique Perben, en juillet 2006. Les services aux cadres internationaux sont insuffisants, les espaces publics sont très datés des années quatre-vingt, les cheminements sont dégradés. Il nous faut repenser le projet urbain de La Défense. »

L’Epad a notamment lancé, l’été dernier, le concours « urbanité », destiné à « réconcilier l’urbain et l’humain » sous la forme de quatre marchés de définition. Douze équipes ont été sélectionnées, trois pour chacun des thèmes retenus (voir encadré).

En avril, Unibail inaugurera le centre commercial des Quatre-Temps rénové (pour 150 millions d’euros), l’inauguration du Cnit étant prévue en octobre.

A cette date, l’Epad dévoilera le lauréat de l’appel à projets international pour la tour Signal (une vingtaine d’équipes sera sélectionnée très prochainement). Symbole du renouveau de La Défense, cet IGH d’au moins 80 000 m2 Shon, pourrait regrouper à la fois des bureaux (50 000 m2 au maximum), des logements, des services, des commerces et des équipements. Parfaitement intégré dans son environnement, il devra respecter des normes THQE (très haute qualité environnementale). La clé de répartition entre les différentes fonctions est laissée au libre choix des équipes d’investisseurs-concepteurs, de même que la localisation du projet entre trois sites possibles : la porte ouest (échangeur RN314/boulevard circulaire) ; la porte sud (échangeur RN13/boulevard circulaire), ces nouvelles emprises étant gagnées à la faveur du réaménagement du boulevard circulaire sud (début des travaux en 2008), ou encore une démolition-reconstruction.

ZAC des Bergères. 2008 verra aussi la création de la ZAC des Bergères (sur Puteaux) où seront construits entre 700 et 800 logements, soit la moitié de l’objectif inscrit dans le plan de renouveau. « L’autre moitié pourrait se retrouver dans des opérations diffuses, notamment dans la mixité d’un certain nombre de tours au premier rang desquelles la tour Signal », note Bernard Bled. Egalement attendue, la création de l’établissement public de gestion du quartier d’affaires, prévue par la loi du 27 février 2007. Regroupant le conseil général des Hauts-de-Seine et les communes de Puteaux et de Courbevoie, il prendra en charge l’exploitation du site, actuellement assurée par l’Epad. Ce double rôle d’aménageur et de gestionnaire, anormal au regard du droit commun, entraîne un manque de clarté dans les comptes de l’établissement public. Ce fait, relevé par la Cour des comptes, a récemment valu à Bernard Bled une audition devant la commission des finances du Sénat. Pour mener à bien la modernisation de La Défense, l’existence de l’Epad, déjà prolongée à plusieurs reprises, le sera une nouvelle fois par un décret, attendu avant la fin de l’année. Son terme sera alors porté de 2010 à 2015. Mais ce report sera-t-il suffisant ? En effet, Bernard Bled réfléchit déjà à la poursuite du plan de renouveau. « En juillet 2006, les ministres ont évoqué la démolition de 15 à 20 tours. A l’exception de la tour Aurore, les premières démolitions-reconstructions concernent surtout des immeubles non-IGH. Il reste donc environ une quinzaine de tours à abattre, soit, à raison de 40 000 m2 de bureaux supplémentaires par opération, un potentiel de 600 000 m2 de bureaux nouveaux à La Défense », explique-t-il. Selon Bernard Bled, la décision du gouvernement pourrait intervenir courant 2008 mais pas avant l’approbation du schéma directeur de la région Ile-de-France, soumis à enquête publique jusqu’au 8 décembre. Dans ce document, qui fixe les grands principes d’aménagement du territoire francilien à l’horizon 2030, l’assemblée régionale se dit favorable à la modernisation du quartier d’affaires mais rejette son extension. Cependant, comme l’admettait récemment Jean-Paul Huchon, « La Défense étant une opération d’intérêt national, les décisions la concernant relèvent de la seule compétence de l’Etat. »

Prolongement d’Eole. Ce second volet du plan de renouveau pose avec plus d’acuité encore la question de la desserte de La Défense par les transports en commun. Déjà, on frôle la saturation aux heures de pointe sur la ligne 1 du métro et sur le RER A. La situation risque encore de se dégrader avec 40 000 salariés supplémentaires d’ici à 2013, même si le prolongement du tramway T2 Issy/Val de Seine/La Défense à la porte de Versailles à l’été 2009 et au pont de Bezons en 2011 apporte une petite bouffée d’oxygène.

La solution retenue consiste à prolonger Eole (RER E) vers l’ouest. Le coût de ce projet, selon les options envisagées, varie entre 850 millions et 1,5 milliard d’euros (avec la construction d’un tunnel de 7 km entre la gare Saint-Lazare et La Défense). Seuls des crédits d’études figurent au contrat de projets 2007-2013. La mise en service ne devrait donc pas intervenir avant 2015-2020. Pour amorcer la pompe, l’Epad est prêt à verser une centaine de millions d’euros, prélevés sur les recettes générées par les ventes des droits à construire (entre 400 et 500 millions d’euros nets).

Par ailleurs, où construire les logements qui permettront d’assurer un certain équilibre habitat-emploi ? L’Epad, très à l’étroit à l’intérieur de ses 160 ha, a engagé une réflexion sur l’éventualité de rétablir le territoire d’origine du quartier d’affaires, amputé, en 2000, de 590 ha, cédés à Nanterre et à l’Etablissement public d’aménagement Seine-Arche.

« Sans le plan de renouveau, nous ne nous serions pas posé la question, souligne Bernard Bled. Il ne s’agit pas de faire un hold-up. Rien ne pourra se faire sans une concertation extrêmement approfondie avec Nanterre. Compte tenu des problèmes à traiter : logements, transports, emploi..., il faut avoir une vision globale du sujet. On peut y parvenir à l’intérieur d’une coordination plus étroite entre les deux EPA ou à l’intérieur d’un même EPA. Mais nous n’en sommes pas là. »

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