Quand la fenêtre concurrence la VMC double flux

Il y a dix ans, le menuisier rochelais Ridoret lançait sa fenêtre EnR. Avec l’entrée en vigueur de la RE 2020, l’industriel place son produit directement en concurrence avec la VMC double flux. Et travaille à l'implantation d'une fenêtre chauffante, pour les particuliers.

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Fenêtre EnR, de Ridoret
Fenêtre EnR, de Ridoret

Née d’un partenariat entre le groupe Ridoret et l’université de La Rochelle (Charente-Maritime), la fenêtre EnR (énergie renouvelable) fête ses dix années d’existence. Aujourd’hui, plus de 3 000 unités de cette menuiserie disponible en alu, PCV et mixte bois-alu sont sorties des trois usines de l’entreprise familiale.

Destinée au marché des particuliers, des bâtiments publics et du tertiaire, cette fenêtre s’appuie sur l'effet pariétodynamique : en circulant à l’intérieur d’un vitrage constitué de trois verres, l’air extérieur récupère, l’hiver, les calories issues de la déperdition thermique de la fenêtre avant d’entrer dans la pièce« S’il fait 0 °C dehors et 20 °C à l’intérieur, on peut estimer que l’air entrant est à 10 °C », schématise Jean-Baptiste Ridoret, directeur général délégué de l’entreprise.

En effet, le coefficient de transmission thermique Uw de la fenêtre EnR s’affiche à 0,4 contre 0,8 pour une fenêtre à triple vitrage et 1,3 pour une menuiserie classique. De même, tout en limitant la déperdition thermique, la fenêtre présente un facteur solaire également plus important, soit un Sw de 0,57 contre 0,37 pour un triple vitrage. « L’été, le phénomène s’inverse, l’air extérieur entrant est rafraîchi grâce à la déperdition thermique intérieure. Néanmoins, nous préconisons d’accompagner la pose de ces menuiseries avec des pare-soleil, volets roulants ou brise-soleil afin d’obtenir un confort optimal », confie Jean-Baptiste Ridoret.

Coup de boost grâce à la RE 2020

Aujourd’hui, ce produit pèse encore assez peu dans le chiffre d’affaires de l’entreprise : environ 1,5 M€ sur les 93 M€ de CA consolidé, enregistré l’année dernière. « Nous attendions la RE 2020 avec impatience, se réjouit le responsable du groupe. Elle devrait donner un coup de fouet à l’EnR. Grâce aux nouvelles exigences d’isolations, notre solution est désormais plus économique que ce que l’on trouve actuellement sur le marché ; ce qui n’était pas le cas avec l’ancienne réglementation énergétique ».

L’industriel positionne sa menuiserie comme concurrente directe de la VMC double flux et avance des coûts de maintenance et un investissement à l’installation moins élevés, pour des performances thermiques quasi identiques. « Notre procédé simplifie considérablement le projet technique du bâtiment en évitant le déploiement du réseau de gaines. Nos menuiseries sont également source d’économie énergie puisque nous évitons le recours aux moteurs nécessaires au fonctionnement de la VMC », précise le directeur qui, tout en insistant sur les performances acoustiques de son produit, cible les établissements scolaires et les bâtiments tertiaires.

Une gamme qui s’élargit

Si l’EnR entend révolutionner le marché des fermetures, l’industriel n’en a pas fini avec la recherche et développement. Il y a quelques mois, il a élargi sa gamme avec un nouveau produit : l’EnR chauffante.Le principe est d’installer sur la première vitre une résistance électrique développant une puissance de 350 W/m² ce qui, selon le dirigeant, est « suffisant pour chauffer une maison RE 2020 tout en se passant de radiateurs. Généralement, nous commercialisons ce produit en complément d’un poêle à bois ».

Pilotable grâce à un thermostat, qui peut être géré depuis un smartphone, ce système de chauffage permet à l’air qui entre dans la pièce d’afficher une température d’environ 25°C. « Un des grands avantages de ce procédé est de supprimer la paroi froide qui émane d’un verre classique et qui est très désagréable ».

Destinée aux particuliers en vue d’un projet de construction ou de rénovation, cette fenêtre reste aujourd’hui un produit haut de gamme. Après avoir été intégré l’année dernière dans l’extension du siège social de l’entreprise, le produit sera utilisé prochainement dans le chantier de construction de huit logements aux portes de La Rochelle ; un test grandeur nature pour Jean-Baptiste Ridoret, qui souhaite que le produit rejoigne Ridoret Énergie, la nouvelle offre de rénovation énergétique globale que le groupe vient juste de lancer. À ce titre, l’entreprise a déposé un « Titre V opérationnel » afin que l’EnR chauffante trouve sa place dans la RE 2020.

Le travail de R&D n’est pour autant pas terminé puisque l’industriel vient de s’associer avec l’université de La Rochelle et celle de Savoie Mont-Blanc afin d’équiper sa menuiserie EnR d’un filtre électronique afin de dépolluer l’air entrant en le débarrassant de ses particules fines. « Nous avons déposé un brevet début mars. Nous travaillons en partenariat également avec l’entreprise Teqoya, spécialiste français de la filtration de l’air. Nous espérons lancer la commercialisation de ce produit dans le courant de l’année prochaine. Il sera avant tout destiné au marché du tertiaire et des établissements scolaires ».

Aujourd’hui, le groupe Ridoret emploie quelque 700 personnes et articule son activité autour de différents créneaux de distribution : le BtoB pour environ 27 M€ de CA ; les appels d’offres publics et privés pour 45 millions ; et le reste en BtoC via les douze agences France Menuisiers, le site Internet Le Roi de la Fenêtre et Ridoret Énergie depuis cette année. « Nous venons également de lancer une nouvelle activité, Passerose, spécialiste de l’agencement et de la fabrication de mobilier sur mesure », conclut le directeur général délégué.

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