C’est ce qu’on appelle un retour à l’envoyeur. Sur le site de revalorisation Paprec Plastiques de Trémentines (Maine-et-Loire), les profils de menuiseries en PVC, signés notamment Rehau, s’entassent par tonnes en attendant de vivre une seconde jeunesse. En effet, une fois broyés puis transformés en granulés de quelques millimètres, ils traversent la France pour rejoindre l’usine Rehau de Morhange (Moselle) afin d’être à nouveau extrudés en profils de menuiserie… la boucle est bouclée.
Le partenariat entre les deux industriels remonte à 2015. Mais, depuis 2021, cet accord a pris une nouvelle dimension avec la signature d’une convention tripartite – une charte de l’économie circulaire – qui associe désormais les clients du menuisier : « L’objectif est que nos partenaires s’appuient sur Paprec pour la collecte de leurs déchets de PVC. D’ici la fin de l’été, nous espérons que 80 % de nos clients, environ 200 professionnels, ratifient ce partenariat qui a pour principal objectif : un kilo de matière PVC collecté égal un kg de PVC recyclé et réutilisé chez Rehau », commente Maxime Boileau, responsable marketing et communication du menuisier.

Cette charte constituée de dix engagements se présente comme « le socle indéfectible et intangible de la stratégie du groupe sur les années à venir : la création d’une économie circulaire, la possibilité pour les clients partenaires signataires de répondre aux appels d’offres publics et privés prenant en compte les exigences françaises comme la RE2020, le taux d’intégration de matières premières recyclées dans les produits… », poursuit le responsable.
Quatre nouvelles lignes de coextrusion
Pour accélérer cette industrialisation du recyclage, les deux acteurs vont engager des investissements importants. Ainsi, le menuisier a annoncé une enveloppe de 5 millions d’euros sur la période 2023-2024. Cette somme servira à la mise en service de quatre nouvelles lignes de coextrusion au sein du site de Morhange, deux cette année et deux autres l’année prochaine. « Il s’agit de répondre à une demande toujours plus forte sur nos gammes en PVC recyclé NF, labellisées EcoPuls. Cet investissement nous permettra de porter jusqu’à 86 % le taux d’incorporation de matière recyclée dans certaines gammes. Depuis 14 ans, cette part a progressivement augmenté pour atteindre aujourd’hui 75 % avec un minimum de 40 % », se félicite le responsable qui espère que la législation française donne un jour son feu vert pour le 100 %.
Une nouvelle ligne de transformation en granulés
Comme pour faire écho à son partenaire, Paprec a annoncé vouloir engager la même somme afin de créer une seconde ligne consacrée à la transformation des PVC rigides. Grâce à cette dernière, l’usine qui livre environ 2 000 tonnes de granulés par an certifiés par le CSTB, devrait plus que doubler sa production d’ici 4 à 5 ans.

Cet investissement va s’accompagner d’une réorganisation de l’activité : « Notre usine s’étend sur 4,5 ha dont 5 000 m2 de bâti. Nous disposons d’une capacité globale de 30 000 tonnes, dont 23 000 pour le rigide. Nous arrivons à saturation. Afin de libérer de la place, nous allons construire une unité spécifiquement dédiée au PVC souple. Elle verra le jour d’ici deux ans en Rhône-Alpes. Une fois transformée en poudre, cette matière entre dans la fabrication de tubes d’assainissement en PVC », explique Olivier Leclercq, directeur du site Paprec de Trémentines, qui poursuit : « Actuellement, 80 % des PVC rigides que nous récupérons sont des chutes de production, le reste est issu de la collecte de vieilles fenêtres. Nous commençons d’ailleurs à voir arriver les premières menuiseries PVC posées en France dans les années 1970. Au fil des ans, on va migrer vers plus de fin de vie et moins de chutes conduisant d’ici cinq à dix ans à un équilibre entre les deux sources d’approvisionnement ».
Outre l’aspect environnemental de ce partenariat, les acteurs ne cachent pas un volet économique non négligeable, et la flambée des prix sur le PVC vierge observée ces derniers mois semble leur donner raison : « La massification du recyclage va nous affranchir de la volatilité des cours des matières premières. Chaque année, nos clients fabriquent 1,2 million de fenêtres, dont 600 000 avec du recyclé. À l’échelle européenne, nous captons 70 000 tonnes de matériaux usagés pour la fabrication de nouvelles fenêtres en PVC », conclut Maxime Boileau.
