Pour l’Ordre des architectes, il y a urgence à convaincre

Travail sur le terrain auprès des élus et réflexion pour lutter contre les déserts architecturaux étaient au menu de la « Conférence des régions » de l’Ordre national des architectes, fin de semaine dernière à Dijon

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Les architectes étaient réunis en "Conférence des régions" les 30 juin et 1er juillet 2022 à Dijon (Côte-d'Or).

Ce n’est pas la première fois que les architectes alertent l’opinion sur leur rôle incontournable dans l’acte de construire. Mais aujourd’hui, avec le dérèglement climatique, la précarité du logement et le récent renchérissement des matériaux de construction, le temps presse, estime Christine Leconte, présidente du Conseil national de l’Ordre des Architectes (Cnoa).

La « Conférence des régions » tenue les 30 juin et 1er juillet à Dijon (Côte-d’Or) avec les conseillers nationaux, ainsi que les présidents et trésoriers des 17 conseils régionaux de l’Ordre, a dit son intention d’intensifier, auprès des élus locaux, le discours tenu dans le plaidoyer « Habitats, villes, territoires, l’architecture comme solution » qu’ensemble, les conseillers nationaux et régionaux, avaient écrit en janvier 2022 à Nantes en perspective des campagnes présidentielle et législatives. Pourquoi poursuivre l’étalement urbain, lorsque friches urbaines et logements vacants à rénover se comptent par milliers ? Et comment rester inactif tandis que la construction est responsable du tiers des émissions carbone en France.

« Des solutions existent, il faut les essaimer et les amplifier »

De Dijon à Bordeaux, le constat est le même, mais les réponses à apporter diffèrent, conviennent les architectes qui peuvent toutefois s’emparer d’outils communs à tous les territoires, comme Cœur de Ville et Petites villes de demain. « Le plaidoyer reflète bien notre combat local », affirme Sylvia Ghipponi, présidente de l’Ordre des architectes de Corse. Il « exprime notre plus petit dénominateur commun », renchérit François Liermann, président de l’ordre du Grand Est.

Mais la remarque de Karine Terral, présidente de l’ordre de Bourgogne-Franche-Comté – « dans le rural, les élus et les citoyens n’ont pas conscience qu’il faut protéger la nature » – montre que les architectes ne peuvent construire la ville uniformément.

Question de culture et d’écosystème local. L’Alsace, par exemple, a une longueur d’avance dans l’habitat participatif. La Bourgogne-Franche-Comté souligne l’existence d’une filière locale de matériaux biosourcés. « Des solutions existent, il faut les essaimer et les amplifier », résume Christine Leconte.

Le conseil de l’ordre de la Réunion et de Mayotte a pris les devant en publiant une version locale du plaidoyer eu égard aux spécificités des territoires d’outre-mer. Mayence Lefebvre, son président, constate par exemple l’inadaptation de la norme d’origine CE aux territoires insulaires dépourvus ou presque de matières premières, présentes sur le continent africain plus proche où l’approvisionnement serait plus aisé.

Inventer un dispositif d’aide dans les déserts architecturaux

Un autre facteur intervient pour que les architectes puissent pleinement remplir leur mission de conseil auprès des maîtres d’ouvrages. Les territoires sont inégaux en terme de compétences. Les 30 000 architectes du tableau de l’Ordre sont concentrés dans les métropoles. Dans la Nièvre, par exemple, département du territoire de l’Ordre de Bourgogne-Franche-Comté, le tableau ne compte que 25 architectes. Christine Leconte en est consciente. Elle s’est rapprochée de l’Association des maires ruraux de France pour inventer un dispositif d’aide à l’installation de jeunes architectes dans les déserts architecturaux.

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