En pénétrant sur le platelage de bois qui serpente sur le Jardin des Feuillages, l’un des micro-espaces du parc Sant Vicens, le visiteur ne se doutera de rien. Son passage aura pourtant déclenché un « détecteur de mouvement ». Dès lors, plusieurs mini haut-parleurs, dissimulés dans la végétation diffuseront, les uns après les autres, « une guirlande de sons musicaux » qui l’accompagneront dans sa déambulation pour l’inciter à pousser plus avant sa découverte végétale. Il pourra également écouter, au gré de ses haltes sur les bancs du parc, des textes de George Sand dédiés à la nature, exprimés par la voix d’une comédienne.
Des sons « à la carte ! ».
Deux espaces seront sonorisés : le Jardin des Feuillages où le thème musical portera sur l’eau et le Belvédère de la plage, une butte dominant l’étang où la mise en scène sonore sera inspirée par le vent. Un troisième, la Charmille, sera aménagé et animé plus tard, sur le thème des oiseaux. Les spots sonores s’exprimeront pendant une quinzaine de seconde, diffusés en mode aléatoire par quatorze enceintes acoustiques, seulement en présence de visiteurs. Sinon, le système restera en veille. Certaines enceintes sont directionnelles, camouflées en rocher, d’autres offrent une couverture à 360° ou bien résistent à l’eau. Une caractéristique indispensable, dans ce parc conçu comme éxutoire de crues de 60 000 m3, avec des zones inondables (ce qui aura pour effet l’immersion de certains équipements !). Le réseau de haut-parleurs sera piloté sur le mode Internet sans fil par un automate situé au centre du parc et distribuera les sons en fonction des présences détectées. Un véritable juke-box numérique qui a la capacité de router simultanément 128 opérations différentes. Il permettra également de diffuser des informations pratiques touchant à la sécurité et d’annoncer, le soir venu, la fermeture du parc. Une sono de concert pourra même y être branchée. Chaque haut-parleur est géré indépendandemment, sachant que l’on peut facilement modifier son implantation, ajouter des enceintes et des sons, même à distance !
Aller plus loin…
L’idée de marier « jouissance du son et de la nature » grâce à la technologie numérique, émane de deux hommes : Patrick Berger, directeur du Service Environnement de Perpignan, artisan de la réalisation du parc, et Patrick Scheyder, pianiste, compositeur.
Explications du premier : « les passants ont tendance à traverser la Prairie méditerranéenne pour aller vers le Jardin des enfants, à suivre la grande allée centrale ou à flâner autour de l’étang. Très peu s’enfoncent dans le Jardin des Feuillages ou montent sur la butte d’où ils peuvent découvrir le parc dans son ensemble et dans toute sa diversité ». « Donner envie d’aller plus loin… Tout est là ! » souligne Patrick Scheyder en se penchant sur le PC portable où Angel Call et Marc Barandica, les spécialistes d’Instronic venus de Barcelone ont rassemblé 200 ambiances musicales créées par l’artiste qui écoute « crapaud », « écho », « symbole », « hibiscus », « tonnerre ».
Un effet de vent.
« Le but est d’évoquer et non pas de reproduire », précise le musicien qui utilise piano, clavecin, congas, cymbales, marimbas, triangle, chimes… La marche des promeneurs doit être accompagnée, sans que les sonorités différentes se mélangent. Les temps de déclenchement sont donc calculés avec précision. Sur la butte, les enceintes disposées en triangle produiront, en se répondant, un effet de vent « qui va, qui vient, et le son remontera vers le visiteur depuis le pied du promontoire… ».




