Patrimoine Réhabilitation en douceur pour un château du XVIIe siècle

Au château de Barjac (Gard), une troisième campagne de travaux vient de s’achever avec l’aménagement des étages, des façades et de la toiture. Des interventions discrètes qui ne laissent rien voir de leur technicité.

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En apparence, rien n’a changé. Le château du XVIIe siècle qui domine de sa masse le village de Barjac, dans le Gard, a conservé ses façades aux pierres patinées par le temps. Dans le détail, pourtant, l’ouvrage n’est plus tout à fait le même. Les pierres endommagées ont été soigneusement reconstituées, voire remplacées quand la microchirurgie réparatrice ne suffisait plus. Les menuiseries ont été refaites à l’identique, la toiture a été changée. Et 900 m2 de locaux neufs, comprenant la mairie, ont été aménagés à l’intérieur. La modestie a été le principe directeur de cette réhabilitation. « Je n’ai pas cherché à mettre ma patte, explique Jean de Margerie, l’architecte. J’ai donné la priorité à l’existant. Chaque fois que l’on pouvait garder quelque chose, on l’a fait. »

La remise en valeur du château de Barjac, propriété municipale, marque l’aboutissement d’une démarche engagée il y a quinze ans. Après un premier aménagement ponctuel en 1995, le bâtiment a accueilli en 2000 la bibliothèque municipale et une salle de cinéma, installées dans les salles voûtées du rez-de-chaussée.

Colonne vertébrale technique

Un troisième chantier, livré mi-2008, a permis l’aménagement des trois étages supérieurs et la réhabilitation de l’enveloppe. Le premier niveau abrite désormais des salles de réunion, le deuxième la mairie. Le troisième est voué à des activités culturelles. Dès le début de la rénovation, l’architecte a proposé de réserver l’espace central à l’installation future d’une cage d’ascenseur, associée à un bloc sanitaire. « C’était le seul moyen de rendre possible un aménagement ultérieur, explique Jean de Margerie. Tout le projet a été conçu autour de cette colonne vertébrale, par laquelle circulent aussi tous les fluides. »

Les interventions structurelles ont été réalisées avec le même souci de discrétion. Au troisième étage, une solution ingénieuse a permis d’associer les poutres d’un plancher à la française dans la création d’un nouveau plancher. « Nous ­avions d’abord envisagé la pose d’une dalle en béton de 25 à 30 cm, indique Jean de Margerie. Mais la surcharge, trop importante, aurait pu générer des désordres. La solution retenue a permis de limiter l’épaisseur de la dalle à 7 cm, pour une portée de 8,50 mètres. Des connecteurs ont été vissés dans les poutres existantes, tous les quinze centimètres, puis noyés dans le béton. Nous tirons ainsi partie de la résistance mécanique du bois, qui n’est pas seulement utilisé comme support mais devient partie intégrante d’un plancher mixte bois-béton. » Norbert Aigoin, ingénieur, précise : « Avec cette solution, nous améliorons à la fois la solidité du plancher et la stabilité d’ensemble du bâtiment, sans épaissir l’ouvrage ni abîmer le plafond à la française. »

Le deuxième étage, occupé par la mairie, a été divisé par des parois vitrées en partie haute afin de laisser passer le regard. « Il n’est pas simple de faire des bureaux cloisonnés dans un lieu pareil, avec 4,40 m de hauteur sous plafond, commente Jean de Margerie. Je voulais que l’on puisse lire le plafond dans son intégrité. » Ces parois séparatives sont montées sur une structure bois-acier qui reprend le rythme des solives. La partie basse, constituée de panneaux en hêtre, génère des volumes de rangement. Au sol, l’architecte a opté pour une résine de type industrielle, choisie pour son « côté contemporain » et sa facilité d’entretien.

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