En lançant cette enquête (sondage du 7 au 22 mars 2013, lire notre article), la DRIEA voulait «guider les utilisateurs franciliens à travers l'offre des outils de l’urbanisme durable, adopter une démarche participative pour faire émerger les besoins, et décliner les objectifs du développement durable dans les opérations».
Sur 300 acteurs de l'aménagement sollicités, une centaine a répondu. La majorité est constituée de BET en ingénierie/conseil (38%), suivie de collectivités (27%) et d'aménageurs, publics et privés (20%). La moitié est directement porteuse de projets.
6 outils connus, mais peu utilisés
D'après les résultats de l'enquête (1), la démarche de développement durable est plus souvent volontaire (66%) que réglementaire. Un degré de connaissance variable apparaît selon les outils. Six bénéficient d’une forte notoriété (connus par 50 à 100% des répondants):
- la démarche Approche Environnementale de l’urbanisme (AEU®) de l’Ademe;
- le Label HQE™ Aménagement de l'Association HQE;
- le Label Ecoquartier du Ministère de l’Ecologie, du développement durable et de l’énergie;
- la démarche «Nouveaux quartiers urbains» (NQU) de la Région Ile-de-France;
- les écoquartiers «GP3» (retenus dans le contrat de projet Etat-Région 2007-2013);
- la méthode @d aménagement durable® (Association des maires d’Île-de-France, EPA et DRIEA).
Sept autres, parmi lesquels le Référentiel Développement durable de la Ville de Paris, la Charte des Ecomaires, bénéficient aussi d’une bonne notoriété (entre 25-50% les connaissent), tandis que plusieurs outils locaux ou privés (UrbanEra® de Bouygues Immobilier, HQVie® d’Eiffage, etc.) restent moins connus.
Les taux d’utilisation sont en revanche plus faibles. L'AEU® l’emporte, avec plus de 56% d’utilisation. A noter que plusieurs outils connus sont peu utilisés (HQE²R du CSTB, HQVie® d'Eiffage, Référentiel européen pour la ville durable).

Dans la partie du questionnaire destinée à commenter les outils, la démarche AEU® remporte un franc succès, en tant qu’elle facilite la concertation, et pour les conseils apportés par l’Ademe. «Démarche testée la plus complète. La valeur ajoutée est dans l'accompagnement et les conseils de l'ADEME autant que dans l'outil», commente ainsi une collectivité locale.
Le Label HQE™ Aménagement reçoit aussi des retours positifs, pour le suivi régulier qu’il favorise, et la possibilité de l’utiliser à un stade précoce. Plusieurs signalent cependant une «procédure lourde», et «trop attachée à la méthode plutôt qu’au contenu des opérations».
Le Label Ecoquartier est reconnu pour la visibilité qu’il offre, mais une collectivité pointe «des indicateurs peu adaptés aux zones denses».
La démarche «Nouveaux Quartiers Urbains» de la Région se voit quant à elle reconnaître d’intéressants «critères sociaux et aspects vivre ensemble» ainsi que d'autres apports, comme la pertinence locale des critères ou l’aide apportée pour répondre à l’éco-conditionnalité de financements.
Moins connu, @d aménagement durable® est apprécié pour la clarté de ses critères. «L'outil est simple, clair et réaliste. Un nombre limité d'indicateurs, des indicateurs calculables et des échelles (territoire, projet) complémentaires», détaille un aménageur.
"Manque d'adaptation au terrain"
Dans des commentaires libres, les acteurs se sont prononcés pour mieux articuler les outils, voire les fusionner.. Les raisons invoquées: manque de lisibilité, perte de temps, mais aussi pouvoir «appliquer [les démarches] dans l’opérationnel». Des demandes s’élèvent pour «être guidé face à l’abondance des référentiels».
Concernant les systèmes d’évaluation, les sondés plaident pour plus de simplicité et de pragmatisme. «Ramener l'évaluation à quelques grands critères», «Manque d'outils de suivi/indicateurs facilement appropriables et pragmatiques», écrivent des bureaux d’études. «Certains indicateurs sont trop théoriques: il manque une adaptation au terrain en fonction des données disponibles» commente un aménageur.
Se dessine aussi la nécessité d’accompagner le projet à toutes ses phases : «Les référentiels doivent être liés à une méthode de gouvernance, de financement et de réalisations dans toutes les phases des projets» (Bureau d’études).
Dernier appel: pouvoir s’adapter au contexte. «Il est important de ne pas se baser uniquement sur les résultats en valeur absolue mais d’apprécier le contexte et le processus» (Aménageur)
Vers une valise pédagogique
A l’issue d’un premier séminaire destiné à présenter les résultats, la DRIEA s'apprête à «co-construire avec les acteurs des pistes pour améliorer les outils existants» lors d'un séminaire technique le 19 juin 2013.
Ces travaux devraient aboutir à une «valise pédagogique», composée de fiches sur chaque outil.
«Ces fiches détailleront le profil de l'outil, l’échelle des projets concernés (îlot, quartier, ville, territoire) et d'autres informations comme l’accent sur telle ou telle thématique du développement durable, une idée de sa valeur ajoutée (visibilité, participation, etc.), l’existence de dispositifs de financement ou d'animation. Elles seront largement accessibles via internet, par exemple depuis les sites de la DRIA et d'Ekopolis.fr», précise la DRIEA.
Plus de détails sont attendus à l'issue d'un dernier séminaire de travail le 1er juillet 2013.