Rares sont aujourd'hui les bureaux d'études qui s'intéressent vraiment au logement social. Mais pour François Melonio, P-DG de Projetud (36 millions de francs de chiffre d'affaires estimé en 1998, 45 personnes), le secteur offre pourtant un beau terrain d'exercice à l'ingénierie et à sa capacité d'apporter de la valeur ajoutée. A côté d'interventions certes importantes - 500 logements neufs et 2 500 réhabilités par an - mais classiques dans leur forme, Projetud a donc investi, avec La Sablière et l'OPAC du Val-de-Marne, dans une recherche sur l'habitat résidentiel économique. Lauréat du concours LQCM pour la région Ile-de-France, le concept fait aujourd'hui l'objet d'une application à 59 logements en accession pour le compte d'Expansiel.
Située à Orly, aux franges d'importants ensembles locatifs, l'opération obéit aux objectifs de mixité sociale de la commune. Il était donc primordial d'offrir ces logements à un prix compétitif. Pari tenu. Avec un prix de construction de 5 300 francs/m2 TTC les appartements sont vendus entre 8 000 et 8 500 francs TTC par m2 habitable, avec parkings et ascenseurs. Preuve d'une bonne adéquation au marché, ils sont déjà tous vendus, alors que les trois immeubles, conçus avec l'architecte Emmanuel de Peretti sont encore en chantier. Comment parvient-on à ce résultat ? Par un ensemble cohérent de dispositifs performants, répond François Melonio. Ce sont d'abord les choix structurels. Autorisant des trames larges et peu de refends, la disposition en trois plots épais (environ 16 x 22 m) sur un unique sous-sol de parkings permet d'économiser 15 % du béton de structure (le ratio surface totale de plancher sur surface habitable est de 2,16 contre 2,50 habituellement). Elle permet aussi, du moins pour les logements de type 2 à 5 ici demandés, un excellent rendement de plan : environ 0,84. Il ne s'exerce cependant pas au détriment de la qualité d'usage : les appartements compacts, mais bien distribués, ont tous deux orientations et une loggia d'angle d'environ 3 m2.
C'est ensuite la rationalisation des détails - modénature simple et répétitive, variantes de second oeuvre réduites au minimum - qui permet aux entreprises de gagner en productivité et de maîtriser la qualité des finitions. Autre avantage, la rapidité. A Orly, l'équipe Projetud/de Peretti a mis cinq mois à monter le dossier, de la première étude de faisabilité jusqu'à la signature des marchés, le permis de construire étant instruit en parallèle. Reste la question de l'insertion architecturale et urbaine. En dépit des souplesses d'écriture architecturale qu'elle autorise - traitement du soubassement, rythme des percements, proportion et retrait de l'attique - la forme du plot est inadaptée aux tissus urbains denses.
Les ingénieurs de Projetud en sont bien conscients, et réfléchissent actuellement à une nouvelle démarche, inspirée des mêmes principes, pour s'inscrire dans les mitoyennetés et les alignements des coeurs de ville. La notion de modèle, sous-jacente ici bien que le terme ne soit jamais prononcé, y trouvera sans doute ses limites.
LES 59 LOGEMENTS D'ORLY : perspective et plan d'étage courant. Actuellement en chantier, l'opération ressort à 5 300 francs TTC du m2 habitable. Un résultat dû à l'économie de la configuration, des plots épais sur une unique emprise de parking d'un niveau, et à la rationalisation des prestations et des détails. Jardins privatifs au rez-de-chaussée et grandes terrasses à l'étage attique confèrent le caractère résidentiel. Les étages courants (R + 1 à R + 3) sont divisés en quatre appartements de 4 pièces (78 m2), 3 pièces (60 et 62 m2) et 2 pièces (49 m2) qui bénéficient tous de la même loggia d'angle.