Comment avez-vous vécu ces derniers jours à l’agence ?
A l’Atelier Rita, et avec tous les architectes avec lesquels on « coworke », on a senti le vent tourner à partir de la fin de la semaine dernière. Dimanche, on a échangé et pris collectivement la décision de se réunir lundi pour organiser le télétravail. Et à 17h, on était tous rentrés chez nous avec nos ordinateurs et nos dossiers sous le bras.
Quel impact pourrait avoir le confinement sur votre activité ?
Nous sommes une jeune structure [créée en 2016, NDLR], donc une structure fragile. Imaginons qu’on ne facture rien pendant deux mois et que, pendant ce temps-là, il faut continuer à payer les gens qui travaillent avec nous, ça risque de mettre sacrement en difficulté l’agence. J’ai annoncé qu’il pourrait y avoir du chômage partiel car l’activité va ralentir. On espère que cela ne mettra pas en péril l’agence. Mais ça, on ne le verra qu’à la fin… Il faut croiser les doigts et compter sur sa chance.
Pour l’heure, sur la ligne de front, on a reçu un tir double : celui du coronavirus et celui du second tour des élections municipales reporté en juin. Concernant nos deux principaux projets, l’un est ralenti par le confinement qui grippe le système relationnel. Nous sommes à un moment où il faudrait qu’on se rencontre beaucoup pour échanger notamment sur la programmation. Lors d’une visio-conférence, on a senti que tout le monde avait envie de garder le rythme. Quant à l’autre projet, il est bloqué en attendant la désignation du nouveau conseil municipal.
Qu’allez-vous faire dans les prochains jours ?
Nous avons du travail pour à peu près une semaine. Si le confinement est amené à durer, nous allons assez vite être contraints à ne pas faire grand-chose. Alors on mettra à jour le site web et le book de l’agence, chose que l’on ne fait que quand on n’a rien d’autre à faire.
L’Atelier Rita est invité à exposer à la prochaine Biennale d’architecture de Venise, dont l’ouverture a été reportée fin août à cause de l’épidémie de Covid-19. Quelles sont les conséquences sur votre préparation ?
L’ouverture décalée de la Biennale est un mal pour un bien. En ce qui nous concerne, on était très charrette puisque nos recherches de financement n’avaient pas abouties. Pour les entreprises susceptibles de faire du mécénat, nous ne cochions ni la case artiste, ni la case ONG. Du coup, on a changé le projet d’installation pour le faire rentrer dans l’enveloppe budgétaire accordée par la Biennale, qui est très mince. Nous allons avoir du temps pour rattraper le retard et avancer plus sereinement sur la communication autour du projet et la préparation des visuels.
L’agence est ultra honorée et motivée d’exposer dans ce cadre prestigieux. C’est un exercice passionnant d’architecture et de scénographie qui permettra de montrer notre manière de travailler à travers le centre d’hébergement d’urgence d’Ivry-sur-Seine [lauréat du prix d’architecture de la Première œuvre 2017, NDRL]. Le commissaire général, Hashim Sarkis, a écrit à tous les participants que même si la Biennale ne durera que trois mois, ce n’est pas grave, elle sera quand même superbe !