Le Moniteur : Le 40ème congrès de l'Unsfa se tiendra les 11, 12 et 13 septembre à La Rochelle. Quelle sera la teneur des débats, au cœur de la crise économique ?
Michel Roulleau : Le Grenelle de l'environnement, dont le premier texte de loi est paru mi-août, figure en bonne place des thèmes qui mobilisent les architectes. Les objectifs de performance thermique des bâtiments sont particulièrement ambitieux. Je ne suis pas inquiet sur la capacité des architectes à relever le défi. Mais la crise frappe durement la profession qui ne pourra se consacrer pleinement au développement durable si sa fragilisation perdure. Les maîtres d'ouvrage doivent prendre leurs responsabilités sans aggraver la situation des professionnels avec qui ils travaillent. C'est là toute l'actualité de notre congrès.
Le Moniteur : De quelle aggravation est-il question précisément ?
Michel Roulleau : Avec la crise, les entreprises d'architecture sont en danger faute d'équilibre dans leur trésorerie. Certains maîtres d'ouvrage, publics ou privés, paient les prestations d'architecture avec des délais qui s'allongent, voire cessent les paiements d'honoraires en stoppant les opérations. De ce fait, de nombreux architectes sont en grandes difficultés financières. Les retards atteignent parfois plus de huit mois. L'Unsfa va proposer à Christine Lagarde, ministre de l'Economie, qu'en marchés publics les études soient payées par étapes mensuelles intermédiaires sur présentation du travail effectué, comme c'est le cas pour les situations de travaux. Actuellement, les architectes ne peuvent facturer que lorsque leurs études sont validées, avec une unique étape intermédiaire dans le meilleur des cas. Or, cette validation arrive de plus en plus tard, au bout de deux mois, ou plus... voire pas du tout. Repoussant ainsi d'autant, ou empêchant le versement des honoraires.
Le Moniteur : Vous pointez du doigt une pratique dangereuse
Michel Roulleau : Alors que les banques ont rendu plus difficile l'accès au crédit, de nombreux maîtres d'ouvrage jouent la montre. Résultat : nos entreprises d'architecture sont en danger. Je dénonce ce comportement irresponsable que certains de mes confrères paient actuellement très cher... Et à ceux qui nous disent que les situations de travaux mensuelles correspondent à du concret sur le chantier, je réponds que le paiement des salaires dans les agences d'architecture est aussi concret. Le salaire d'un collaborateur d'architecte n'est pas moins important que celui d'un ouvrier sur chantier.
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Retrouvez l'intégralité de cette interview dans "Le Moniteur des Travaux Publics et du Bâtiment" n°5519, daté du vendredi 4 septembre 2009, pp. 46-47.
A télécharger ci-dessous au format PDF, la lettre de l'Unsfa à Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication