Manche Forte activité pour le génie civil de l’EPR de Flamanville

La technicité du réacteur nucléaire de nouvelle génération ne réside pas uniquement dans son process de production d’énergie. Les travaux de génie civil y sont également très complexes. La preuve à Flamanville.

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Comme pour tout chantier de génie civil, les terrassements ont marqué à l’été 2006 le démarrage des travaux du réacteur EPR de la centrale nucléaire de Flamanville (voir encadré). Des terrassements de très grande ampleur et rondement menés : « En seize mois, près de 700 000 m3 de roches ont été excavés », explique Joseph Harnois, directeur du chantier pour Bouy-gues TP. Dans le granite et dans les roches dites « cornéennes » (roches métamorphiques très dures), les équipes du groupement mené par DTP terrassement ont œuvré à la pelle mécanique et par minage. Un minage de haute précision et à fort enjeu car situé à quelques dizaines de mètres des deux réacteurs de 1300 MW en activité. Pour surveiller l’impact des tirs sur les installations existantes, EDF, maître d’ouvrage et maître d’œuvre, avait installé une vingtaine de capteurs de vibrations, assurant un contrôle en temps réel des tirs.

Creuser et conforter le sol à la fois

Cette première mission a été un succès puisque les tirs se sont avérés sans impact sur les réacteurs en place. « Le terrassement s’est effectué sur 23 m de hauteur, de 6 m à -17 m jusqu’au rocher sain », poursuit Joseph Harnois. Qui présente une très bonne assise, puisque « le granite est présent sur une épaisseur d’environ 1 000 m ! », comme le confirme Philippe Legrand, responsable de la communication de la centrale pour EDF. Une fois excavé, le granite a été entièrement concassé (un concasseur traitait 4 000 tonnes par jour), puis réutilisé pour les remblais. « Chaque mètre cube a été réutilisé », se félicite Joseph Harnois.

Et il ne s’est pas agi que de creuser, il a également fallu renforcer le sol, notamment aux abords du deuxième réacteur. Ce sont ainsi 2 000 m2 de parois berlinoises, 77 tonnes de tirants de confortement pour 12 000 m2 de talus confortés qui ont été mis en œuvre !

Le bâtiment réacteur est doté de deux enceintes successives de plus d’un mètre d’épaisseur, constituées de voiles cylindriques que viennent coiffer des dômes. Au plus près du cœur nucléaire, la première enceinte en béton armé est munie d’un système de précontrainte horizontale et verticale mise en œuvre par post-tension. « La précontrainte nous permettait de garantir que l’enceinte ne serait pas fissurée, ce que n’aurait pas permis un béton armé », explique Joseph Harnois.

L’intrados de l’enceinte interne est recouvert d’un liner métallique de confinement lui servant également de coffrage. Avec ce système, l’enceinte est capable de résister à des surpressions accidentelles de 6,5 bars.

Centrales à béton installées sur le site

L’enceinte extérieure en béton armé est réalisée avec une légère avance sur l’enceinte interne au niveau des voiles. C’est l’inverse au niveau du dôme. Lors du coulage du béton des enceintes, maîtriser le gradient de température était essentiel, pour en garantir les caractéristiques mécaniques. Ainsi, la chaleur d’exothermie ne dépasse-t-elle pas les 40°C.

Pour un total prévu de 44 000 tonnes d’armatures, plus de 300 000 m3 de béton de génie civil sont mis en œuvre. du fait de ces très gros volumes, des centrales à béton ont été installées sur le site : deux centrales fournissent 100 m3/h et la troisième fournit 80 m3/h. Les sept variétés de bétons fabriquées sont alors acheminées via des tuyaux jusqu’au lieu de coulage.

Seize grues positionnées au centimètre

Pour Joseph Harnois, « une des plus grosses contraintes du chantier réside dans l’exiguïté du site ». Ainsi, seize grues au plus fort du chantier se partagent l’espace et sont positionnées au centimètre. Certaines doivent être démontées en cours de chantier afin de libérer l’espace pour d’autres. Pour protéger le réacteur voisin en activité, les grues les plus proches de celui-ci ont été « gainées » de sarcophages en béton armé (voir photo). Ils empêchent les grues de tomber, même en cas d’ouragan.

Les contraintes de chantiers se trouvent toutefois allégées par la répartition des lots de travaux en amont : les travaux préparatoires et de génie civil ont en effet été obtenus par Bouygues, ce qui facilite énormément le travail. « Les phasages entrecroisés des deux lots ne posent pas de problème de cohabitation d’entreprises », confirme Joseph Harnois. Des dispositions qui permettent aux équipes de tenir pour le moment le planning très serré.

Les travaux de génie civil mobilisent aujourd’hui plus de 1 000 personnes. A partir de mi-2009, ils décroîtront pour laisser la place aux travaux d’équipements. La mise en service est prévue mi-2012.

Maîtrise d’ouvrage : EDF-CNEN.

Maîtrise d’œuvre : EDF.

Travaux préparatoires (lot 1) : DTP Terrassement-Bouygues TP-Quille.

Génie civil (lot 2) : Bouygues TP (mandataire) Quille-Baudin Châteauneuf.

Chaudière/Réacteur : Areva.

Turbo alternateur : Alstom.

Conduite CRF : Socea Belgique.

Tuyauteries Inox : Endel-Boccard. Durée totale du chantier : 54 mois. Coût total : 3,3 milliards d’euros (dont lot 1 : 40 millions ; lot 2 : 300 millions).

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