Une société des chemins de fer (Ferrovie dello Stato) au bord de la faillite, une compagnie aérienne (Alitalia) qui accuse 221 millions d'euros de perte au premier semestre et une régie des routes et autoroutes (Anas), à qui il manque 5 milliards pour assurer la poursuite des chantiers. En cette fin d'année, le transport italien vit une période surréaliste qui voit ses trois piliers – le train, l'avion et la route – sur le point de s'effondrer.
Et dans ce pays au verbe haut, les responsables politiques font honneur à leur réputation. "La situation d'Alitalia est complètement hors de contrôle et je ne vois aucun parachute", s'exclame le pourtant policé Romano Prodi, chef du gouvernement. "Les chemins de fer sont saignés", ajoute Mauro Moretti, administrateur délégué de Ferrovie dello Stato qui annonce 2 milliards de perte en 2006, tandis qu'Antonio Di Pietro, ministre des infrastructures, a évoqué des "faux bilans" pour expliquer le trou dans les caisses de l'Anas.
Le fait que ces trois quasi-banqueroutes coïncident avec la fin du règne de Silvio Berlusconi n'échappera à personne. Le départ du "Cavaliere", roi du cavalier budgétaire, a fait apparaître au grand jour le flou – pour ne pas dire plus – qui a eu cours dans la gestion des finances publiques italiennes durant ces cinq dernières années.
A l'exception d'Alitalia, qui n'a pas en charge la gestion des aéroports, les mauvais résultats de ces trois entreprises d'Etat ou à capitaux publics ne seront en tout cas pas sans conséquences pour les groupes de TP italiens, voire européens. Le budget 2007 prévoit une réduction de 10 milliards des dépenses, donc des enveloppes allégées pour les infrastructures routières et ferroviaires. Principal victime : la construction d'un pont sur le Détroit de Messine afin de relier Sicile et Péninsule, projet symbolique de l'ère berlusconienne, est d'ores et déjà abandonnée. Quant au dossier "LGV Lyon-Turin", au stade du financement, son avancée souffrira à coup sûr de la cure d'austérité que Romano Prodi compte infliger à son pays dans les années à venir.
Hugues Boulet est journaliste au Moniteur et au Bulletin Européen du Moniteur