À l'heure où les collectivités locales n'ont plus de marge de manœuvre financière, pourquoi ne pas faire appel au privé pour rénover les tronçons routiers qu'elles gèrent ? C'est la proposition de Pierre Coppey, président de Vinci Autoroutes, détaillée dans une interview accordée le 31 janvier au quotidien Les Échos, alors que la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) évaluait en décembre à 7 milliards d’euros les besoins des collectivités non financés sur un total annuel de 16 milliards. Selon M. Coppey, "l'État pourrait financer de l'ordre de 10 milliards d'euros de travaux routiers sans argent public en mobilisant les capacités de l'ensemble des concessionnaires français". Ces travaux seraient financés par adossement ou allongement de la durée de leurs concessions existantes. Il n'y aurait ainsi, selon Pierre Coppey, "aucune conséquence tarifaire pour les usagers".
Les routes visées sont "certains tronçons autoroutiers périurbains congestionnés" et les "rocades et les abords de ville". "Ce type de solution conviendrait surtout pour l'adossement de parties du réseau situées à proximité du réseau concédé existant", précise-t-il, ajoutant qu'en France, la durée moyenne des concessions était inférieure à celle que l'on pouvait trouver dans des pays voisins (Espagne, Italie, Portugal).
En septembre dernier, Pierre Berger, directeur général d’Eiffage, s’était déjà proposé de réaliser pour le compte de la puissance publique des projets d’extension ou de raccordements de ses différents réseaux (notamment en région parisienne, autour de Dijon et de Lyon) afin de générer des travaux et d’apporter du service supplémentaire à l’usager.
Pour William Azan, avocat associé au sein du cabinet homonyme, « la jurisprudence du Conseil d’Etat ne sanctionne pas l’adossement ou le prolongement tant que l’économie générale du contrat de concession initial n’est pas bouleversée». Une position qui autoriserait une augmentation de sa valeur économique ou de sa durée de 10 ou 15%.