« Le végétal donne une lecture de la ville »

Lyon a été la seule ville de France à engager, dès 1995, un plan de végétalisation. Il s'agissait d'apporter des réponses à l'aménagement des espaces publics, parallèlement au plan lumière, à la réflexion sur les matériaux de voirie, ou encore à la nouvelle ligne de mobilier urbain. Ce type de démarche a pour objectif d'homogénéiser la lecture de la ville : on sait qu'on est bien à Lyon uniquement en observant le paysage urbain. C'est aussi une stratégie qui met en cohérence la politique des grands parcs avec les actions de proximité, comme le fleurissement ou les jardins de poche. En matière de fleurissement, le plan de végétalisation rompt avec la trilogie pensées/géraniums/bégonias. Le concepteur introduit de nouvelles palettes végétales par quartier, selon son histoire, son relief, son occupation. Ce qui suppose une étude approfondie de l'identité de la ville, qui a amené le paysagiste Gilles Clément à définir trois lignes de végétaux spécifiques à trois secteurs de la ville. Le plan de végétalisation exige deux conditions : avoir de bons professionnels dans son service d'espaces verts et impliquer toute la chaîne des intervenants. Le jardinier doit sortir de son simple rôle d'agent de salubrité publique. C'est le retour du jardinier au jardin, qui transforme les espaces de fleurissement, avec par exemple l'introduction de plantes maraîchères. C'est aussi la lutte contre les jardinières hors sol : à Lyon, un tiers d'entre elles a disparu. En deux à trois ans, les services ont acquis ainsi un savoir-faire unique dans la gestion et l'entretien des espaces publics. Cette implication du personnel des espaces verts a été si forte qu'aucune alternance politique n'a réussi à enrayer la démarche lyonnaise.