Il n’avait pas eu l’occasion de s’exprimer depuis la vente de VM, branche négoce d’Herige, au groupe Samse. Benoît Hennaut, son président, s’en est expliqué le jeudi 6 juin lors d’une conférence de presse. « Avec nos deux entités actuelles Edycem et Atlantem, nous pouvons devenir les meilleurs dans notre activité, ce qui n’était pas le cas avec le négoce. » Cette modification de la structure du groupe et les opérations de croissances externe réalisées ces deux dernières années redessinent le profil du groupe, dont les activités se recentrent et qui changent d’identité pour devenir Herige Industries. « Ce nouveau nom n’a pas vocation à devenir une marque commerciale, ce sera une marque corporate », précise Benoît Hennaut.
« Apporter de la valeur ajoutée à nos clients »
Qui dit nouveau nom dit nouveau logo, mais aussi nouveau plan stratégique conquérant sur le thème « Révolution, Édifions demain dès aujourd’hui ». « Depuis des années, nous sommes dans le changement, puis dans la transformation. Nous sommes entrés dans une révolution que nous allons mettre en place de façon structurée en gardant nos fondamentaux. » La nouvelle stratégie du groupe se décline pour les deux activités (béton et menuiserie) autour de trois priorités de performances : économique, humaine et environnementale. « Sur le plan économique, l’objectif est de toujours avoir une position qui nous permette d’apporter de la valeur ajoutée à nos clients, au juste prix, avec des produits vertueux » complète Benoît Hennaut. En ce qui concerne les performances environnementales, Herige Industries va poursuivre l’accompagnement de la décarbonation du secteur du BTP et de ses activités en développant leur circularité. Sur le plan humain, il accompagnera également ses personnels dans les mutations, avec le même objectif « apporter aux clients des solutions toujours plus efficaces et plus durables ».
« La data et l’IA pour devenir plus performants »
Comme ses homologues, le groupe travaille dans les domaines de la data et de l’intelligence artificielle, tant sur les implications techniques que sur le facteur humain, avec la conscience que les données sont un véritable patrimoine, au même titre que les outils de production. Le projet Data, engagé depuis plus de deux ans, va se poursuivre avec de nouveaux projets digitaux : système d’informations RSE, outils collaboratifs, espace prescription en ligne pour Edycem, CRM « Dans ce domaine, il faut que nous définissions comment, dans nos métiers, va nous permettre de devenir plus performants. » Par exemple, en mai dernier, plus de 200 cadres ont été formés à l’IA générative, et une plateforme d’évaluation de l’aptitude à l’IA est en cours de déploiement est en cours de déploiement, avec un parcours de formation dédié.
« Atlantem doit affirmer son leadership »
Outre ces dossiers transversaux, le plan stratégique d’Herige Industries constitue une véritable boussole pour les deux entités que sont Atlantem et Edycem. Piloté par Richard Marchant, arrivé l’an dernier à la direction générale, le projet "Hisser" d’Atlantem repose sur les valeurs partagées par les différentes entreprises qui constituent le pôle menuiserie : « Humanisme, Intégrité, Sociétal, Satisfaction client, Engagement, Résultat », énumère le nouveau dirigeant. « Nous voulons qu’Atlantem affirme son leadership, qu’il soit un acteur qui compte, avec toutes ses valeurs où l’humain a une part importante. Nous allons mettre en place des business modèles différenciants pour répondre à notre ambition de satisfaction client, du poseur aux grands chantiers. »
Concrètement, Atlantem – un véritable groupe dans le groupe avec 19 sites industriels, 1400 collaborateurs, 200 installateurs en réseaux et 270,1 million d’euros de chiffre d’affaires – a revu son organisation en six domaines d’activité stratégique (DAS), conduites chacune par un directeur, qui permet de balayer l’ensemble des segments de marché.
- DAS Réseaux : Fabrice Tomas (ex-Hydro) a rejoint Atlantem en mai 2024 « pour accélérer la croissance des réseaux Solabaie et Charuel », avec pour ambition de se positionner comme « premier réseau de menuiseries de confiance ».
- DAS Chantiers : ancré sur le savoir-faire de Poralu en la matière, il est dirigé par Bruno Manissol, directeur général de l’entreprise rhônalpine depuis le mois de mars. Illustrant le virage pris pour la réhabilitation résidentielle et tertiaire, l’entreprise tend à s’affirmer comme un partenaire expert et polyvalent auprès des grands donneurs d’ordre. « Nous avons déjà une plateforme en région PACA, nous allons en ouvrir une autre dans le secteur de Rouen ».
- DAS Réparation : un segment à fort potentiel de développement pour lequel Atlantem veut aller à la conquête du consommateur par une nouvelle activité, donnant au particulier la possibilité de réparer plutôt que de remplacer. « Nous voulons que nos prochains produits soient éco-conçus, c’est-à-dire réparables et recyclables ».
- DAS Professionnels du bâtiment : L’objectif est de « proposer à tous les types d’entreprise un parcours client optimal, de la prospection à la pose, jusqu’à la fidélisation ».
- DAS Négoces et CMistes, avec pour mission de devenir un partenaire privilégié des constructeurs de maisons individuelles en France, en direct ou via les négociants.
- DAS Paysagistes : elle couvre les métiers du portail (portails, clôtures et garde-corps) et de la pergola, pas encore exploité par Atlantem. « Nous sommes en train de travailler ce segment avec des paysagistes, qui ont des besoins dans ce domaine, mais n’ont pas la technique. Nous avons référencé des partenaires pour le faire pour l’instant. »
Le nouveau comité de direction d’Atlantem a une multitude d’idées à concrétiser, sans pour autant s’éparpille. « Ce qui nous intéresse, c’est de développer une marque qui soit connue du grand public », poursuit Richard Marchant. « Au final, le plus important c’est l’expérience client, quel qu’il soit, de l’artisan au consommateur. »
« Edycem met l’innovation au cœur de sa stratégie »
L’activité béton est commandée par Olivier Collin, directeur général d’Edycem, avec pour mission de « donner un nouveau sens à la construction » et des axes de travail quasi similaires à ceux de l’activité menuiserie. Ses priorités sont d’accélérer la consolidation du modèle opérationnel et de se focaliser sur la satisfaction client, mais aussi de développer l’activité Préfa ainsi que de nouvelles offres sur les marchés des infrastructures et des aménagements.
En matière de révolution économique et environnementale, Edycem peut jouer le rôle de poisson-pilote du groupe. En effet, à fin avril 2024, 80 % des bétons commercialisés sont issus de sa gamme à empreinte carbone réduite Vitaliss. L’économie circulaire est favorisée, comme en témoignent les lancements de la démarche Circuit+ by Edycem et du bloc Réponse. À travers la troisième phase de sa Chaire de Recherche avec l’École Centrale Nantes, Edycem se penche tout particulièrement sur le confort urbain. Limiter les îlots de chaleur, favoriser l’infiltration de l’eau dans les sols, tout en s’intégrant dans la ville de manière harmonieuse, figurent parmi ses axes de recherche.
Sur ses deux activités, Herige Industries veut « pivoter vers une économie circulaire », martèle Benoît Hennaut, qui prédit : « Le mot "déchets" va disparaitre. Nous parlerons de matière à recycler ! ». Et le président du groupe entend bien que ça ne soit pas seulement des mots.
