Le Canal Seine Nord sera reconfiguré par le gouvernement

La mission conjointe confiée en septembre au Conseil général de l'environnement et du développement durable et à l'Inspection générale des finances par le ministre délégué aux Transports vient de rendre son verdict : le projet du canal Seine-Nord Europe doit être reporté à une période économique plus favorable. Mais Frédéric Cuvillier ne l’entend pas de cette oreille. 

Frédéric Cuvillier ne souhaite pas abandonner le canal Seine-Nord Europe. C’est, en substance, ce qui ressort du communiqué envoyé par le ministre délégué chargé des Transports, le 26 mars. Pour rappel, il avait confié, le 11 septembre dernier, une mission conjointe au Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) et à l'Inspection générale des finances, pour étudier la faisabilité du canal Seine-Nord Europe. « Ce rapport porte un jugement  très sévère sur le pilotage d'un projet qui paraît aujourd'hui en échec, en particulier en raison d'une dérive des coûts qui n'a jamais été mise en lumière, indique le communiqué. Les financements ont été prévus pour un projet annoncé par le précédent gouvernement à 4,4 milliards d'euros, mais dès l’automne 2011, il est apparu que le projet atteindrait 7 milliards d'euros. C'est une impasse financière de 2,6 milliards d'euros qui nous est léguée, à laquelle ni les finances publiques ni les partenaires privés ne sont en mesure de faire face ». Le rapport pointe également la surestimation des recettes de péage du canal.

Atteindre 30% de financements européens

La conclusion du rapport ne prête pas à confusion. Elle préconise un report du projet à une période économique plus favorable. Mais Frédéric Cuvillier n’entend pas abandonner et veut « sauver » le projet. En clair, la procédure de partenariat public-privé est arrêtée et une mission de reconfiguration a été confiée au député PS du Nord Rémi Pauvros, qui sera chargé de la remise à plat du dossier dans ses aspects techniques. « Ma motivation est totale pour ce projet déterminant en termes de développement économique d’envergure européenne et nationale, a immédiatement réagi celui qui est aussi maire de Maubeuge dans un communiqué. Ce défi porteur d’un renouveau pour le transport fluvial doit permettre le passage au XXIe siècle les voies navigables permettant la connexion entre l’Oise, le Nord-Pas-de-Calais et le Benelux. »

De son côté, Voies navigables de France, le maître d’ouvrage du projet, n’a pas souhaité réagir à ce rebondissement. Un nouveau projet devrait donc être présenté dès le premier semestre 2014. «Il faut amender le projet, limiter le nombre d’écluses, revoir le tracé», a proposé Frédéric Cuvillier dans une interview accordée au Monde daté du mercredi 27 mars. L’objectif du gouvernement est de pouvoir présenter début 2014 une demande de financement à la Commission européenne qui pourrait atteindre 30% de la part de financement public (contre actuellement 6%) dans le cadre du programme 2014-2020 des réseaux transeuropéens de transport (RTE-T) de l'Union européenne. Mais le budget consacré à ces réseaux est passé de 22 à 13 milliards d’euros. En dépit de la priorité affichée en faveur des transports alternatifs à la route, mobiliser Bruxelles sur le sujet se présente donc comme une gageure pour le ministre.

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