Promouvoir les jeunes architectes
« La maîtrise d’ouvrage publique devrait imposer que les concours de maîtrise d’œuvre comportent systématiquement dans la shortlist finale un « jeune » architecte de moins de 35 ans, qui ne soit pas nécessairement lauréat des Albums des jeunes architectes et paysagistes (Ajap). Il faut que chacun ait sa chance, comme nous l’avons eue. Il s’agit, de mon point de vue, d’un des seuls moyens pour déverrouiller l’accès à la commande pour les jeunes professionnels et de leur permettre de se faire connaître et reconnaître. »
Yves Moreau, architecte, lauréat de l’Equerre d'argent 2016 avec Gilles Delalex (agence Muoto)
Arrêter le « French Bashing »
« Il faut simplifier les dossiers de candidatures qui sont complexes à en pleurer ! Les références et les chiffres d’affaires demandés favorisent toujours les mêmes grosses agences qui décrochent toutes les commandes ! Les maires font trop souvent travailler les Pritzker Prize pour flatter l’ego de leur ville. Il faut arrêter le « French Bashing » : ce n’est pas parce qu’on est Français qu’on est mauvais ! Dans les conditions actuelles, on n’aurait jamais été lauréats du concours, avec Jean-Marc Ibos, du musée des Beaux-Arts de Lille (Equerre d’argent 1997) : on n’avait aucune référence en la matière, on n’avait pas de structure, on venait de quitter l’atelier de Jean Nouvel… »
Myrto Vitart, architecte, lauréate du Grand Prix national de l’architecture 2016 avec Jean-Marc Ibos (agence Ibos & Vitart)
Lancer un nouveau New Deal
« Appliquer les promesses et ce qui existe déjà. Faire ce qui a été dit. Mener une politique de grands travaux et de grands projets à la manière de Roosevelt (le « New Deal »). En France, sous Mitterrand, ça a lancé des jeunes (à l’époque) comme Dominique Perrault avec sa Très Grande Bibliothèque… »
Karine Chartier et Thomas Corbasson, architectes (agence Chartier-Corbasson Architectes)
Lancer une politique présidentielle de petits travaux
« La politique des « Grands Travaux présidentiels » de l’ère Mitterrand (le Louvre, la BNF, la Grande Arche, etc.), si elle a permis de faire émerger certaines signatures d'architectes aujourd'hui reconnues, n’est plus d'actualité. Il faudrait que lui succède une politique volontariste de « Petits Travaux », portés par la commande publique, au plus près des territoires et des besoins, avec des programmes qui restent certes à identifier, mais qui bénéficieraient d'une aide directe de l’Etat. Un accès facilité à cette commande publique serait aussi un bon moyen de découvrir de nouveaux talents et de répondre à l’intérêt général ! » Soline Nivet, architecte (agence Soline Nivet Architecture)
Dépasser la seule question énergétique
« Penser les conditions d’une architecture de la décroissance où écologie et économie doivent cheminer ensemble pour produire l’habitat d’aujourd’hui… Il faut aller au-delà des seules questions énergétiques. »
Léa Mosconi, architecte, maître-assistante associée à l’école d’architecture Paris-Malaquais
Mettre les matériaux locaux en première ligne
« Favoriser l’emploi de matériaux locaux, renouvelables et bio-sourcés. Combler les lacunes réglementaires les concernant. Financer les centres de recherche. Sensibiliser les collectivités territoriales pour intégrer l’utilisation de ces matériaux aux procédures d’appel d’offres. Tout cela formerait un projet politique révolutionnaire. »
Valentina Sistri, architecte (agence TOA Architectes Associés)
Construire des lieux à vocation multiple
« Développer des grands projets comme le Grand Palais ou la halle Freyssinet à Paris ou la Maison du Peuple à Clichy. Des lieux à vocation multiple qui pourraient donner le « la » par rapport aux projets structurants à venir du Grand Paris, selon les opportunités foncières disponibles dans chaque ville… »
Stéphanie Bru, architecte (agence Bruther)
Une architecture véritablement « en marche »
« Mettre l’architecture véritablement « en marche » avec des bâtiments déplaçables, des équipements publics qui seraient installés dans certains quartiers et qui se déplaceraient une fois qu’on en aurait plus besoin. Par exemple, un centre d’hébergement d’urgence qui s’installerait sur une ZAC, le temps qu’elle soit réalisée… A la manière de la Plug-in City d’Archigram dans les années 60. Il y a des choses à ré-imaginer dans l’urbain. »
Guillaume Hannoun, architecte (agence Moon Architectures)
Une nouvelle génération de bâtiments condensateurs sociaux
« Arrêter les projets de prestige qu’on paie jusqu’à la fin des temps ! Mettre en place une génération de bâtiments anti-flagships, à la fois ambitieux et utiles, qui apportent davantage qu’ils ne coûtent et qui ne se limitent pas à faire la promotion des villes… Il faut relancer la modernité dans le long terme, des projets qui coûtent cher aujourd’hui, mais qui rapporteront dans le futur. Des bâtiments-torpilleurs, des bâtiments communautaires, des « condensateurs sociaux » pour servir la collectivité (programmes mixtes, ouvert sur la ville) et pas que des pépinières d’entreprises. »
Gilles Delalex, architecte, lauréat de l’Equerre d'argent 2016 avec Yves Moreau (agence Muoto)
Stop au PPP !
« Monsieur Macron, pourriez-vous supprimer les PPP ? Des contrats qui coûtent trop cher à la collectivité avec une qualité architecturale catastrophique qui tire le niveau vers le bas. Pour la profession, c’est une ineptie ! »
Christelle Avenier, architecte (agence Avenier-Cornejo architectes)
Simplifier les normes
« Faire ce que Hollande n’a pas su faire jusqu’au bout : simplifier les normes. Au Canada, par exemple, les DTU sont remplacés tous les cinq ans. Ce qui évite le millefeuille de réglementations qui se contredisent les unes les autres. Ça débriderait tous les architectes, ingénieurs, BET, entreprises et maître d’ouvrage au profit du bon sens et d’une plus grande liberté d’action ! »
Fabrice Bougon, économiste de la construction