Les élus et les habitants de Saône-et-Loire ne voulaient pas de péages sur la Route Centre Europe Atlantique (RCEA) : cette route transversale qui relie du nord au sud, l'A6 à Chalon-sur-Saône à Paray-le-Monial, et d'est en ouest, Paray-le-Monial à l'A6 à Mâcon, restera gratuite sur les 240 km de son itinéraire dans le département qu'Arnaud Montebourg présidait il y a encore un peu plus d'un an. Chef de file de la contestation à l'encontre du projet de concession proposé par l'ancien gouvernement, le ministre du Redressement productif a su convaincre son collègue des Transports. « L'absence d'itinéraire de substitution aurait pu nous conduire dans des démêlés juridiques préjudiciables à la tenue d'un calendrier de travaux », a affirmé hier à Charolles, Frédéric Cuvillier devant un parterre d'élus locaux.
Pour mettre à deux fois deux voies les 83,7 km de la RCEA en Saône-et-Loire évalués à 658 millions d'euros, l'Etat débourse 371 millions en deux périodes. D'ici 2019, il résorbera les "points noirs" avec des créneaux de dépassement dans la région de Montceau et de Charolles et plusieurs carrefours, ce qui représente un linéaire de 32 km en plusieurs tronçons. Les premiers appels d'offre de travaux sont annoncés pour 2014 : la déclaration d'utilité publique étant encore valide, il reste quelques dossiers réglementaires à réaliser, notamment la loi sur l'eau. Le coût (estimation 2013) s'élève à 209 millions d'euros.
D'ici 2015, une seconde tranche de 231 millions d'euros portera sur 26 autres kilomètres jugés moins accidentogènes. Les collectivités locales -agglomérations, département et régions- sont invitées à abonder les crédits d'Etat, à hauteur de 30 millions pour la première tranche et 39 pour la seconde. « Sur la période 2014-2025, l'Etat fait un effort sans précédent, de 35 à 40 millions d'euros par an, soit près de trois fois plus que le rythme constaté au cours des dix dernières années », a précisé Frédéric Cuvillier.
Toutefois, l'aménagement ne sera pas complet. En 2025, 9 km resteront à aménager sur la branche sud -en particulier la déviation de Charolles- et 11 km sur la branche nord, « selon des modalités qui seront précisées ultérieurement ». Ces travaux ont été chiffrés à 218 millions d'euros.
Procédure d'adossement aux deux extrémités
Particularité : pour les deux extrémités de l'itinéraire bourguignon -7,2 km à l'ouest entre Prissé et Mâcon estimés 32 millions d'euros et une section de quelques kilomètres à l'est jusqu'à la ville de Digoin -, l'Etat prévoit un adossement à la concession qui sera mise en œuvre dans le département voisin de l'Allier où cette procédure a reçu un soutien unanime. Ces options feront partie des négociations avec le futur concessionnaire qui réalisera les 100 km entre l'A71 à Montmarault et à l'échangeur du Montet, à la frontière avec la Saône-et-Loire.
Le marché sera lancé au second semestre 2016, une fois réalisée l'enquête publique qui démarrera fin 2014, début 2015. La consultation portera notamment sur la localisation précise des trois barrières de péage prévues à Montet, Montbeugny et Molinet. Le contrat de concession devrait être signé en 2017 pour une réalisation des travaux sous circulation de 2018 à 2020. « Les conditions d'une gratuité ou d'un coût réduit pour les usagers locaux seront examinées », a affirmé le ministre.
Le préfet d'Auvergne est désigné coordinateur de l'ensemble du projet qui sera réalisé sous maîtrise d'œuvre de la direction interrégionale des routes (DIR) centre-est.