La modernité de la terre cuite

Matériau naturel -

Le rajeunissement de l’image des briques et des tuiles passera par l’aménagement extérieur et la végétalisation des bâtiments. L’industriel Terreal et la PME indépendante Rairies Montrieux ont défriché le terrain.

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La citadelle d’Amiens [voir p. 28] offre la démonstration la plus probante des nouvelles perspectives de la terre cuite en aménagement extérieur, avec le revêtement Diabolo qui laisse pousser le gazon entre ses joints, sur 1 500 m2 de toiture et 3 500 m2 de place. Impulsée par Philippe Malé pour Terreal et Paul Vincent pour l’agence d’architecture de Renzo Piano, la méthode collaborative qui a présidé à l’invention du produit se prolonge dans le bâtiment végétalisé, avec les élèves du master « architecture vertueuse » de l’École nationale d’architecture de Lyon (Ensal). Encadrés par Paul Vincent, Estelle Morlé et Emmanuel Ritz, huit d’entre eux préparent la construction de prototypes de toits et de murs. La couverture, avec des tuiles de 1 m de long intégrant un tapis de sedum fourni par les pépinières Renault, pourrait répondre aux préoccupations des villes désireuses de rajeunir l’image de leur centre ancien sans sortir du cadre réglementaire des secteurs sauvegardés. Terreal et l’Ensal se partageront la propriété des brevets. De prochaines pistes concernent les terrasses et les sols stabilisés en terre armée. « Le gros succès rencontré au dernier salon Paysalia nous encourage dans l’idée de ramener au sol un matériau durable et contemporain », confie Philippe Malé, responsable du pôle produits de Terreal. Pionnier de cette renaissance, Rairies Montrieux a développé, dès les années 2000, une gamme dédiée aux jardins des particuliers. Distribuée par les négoces généralistes et spécialisés, l’offre comprend des bordures, des murs, des pavés, des claustras, des margelles de piscine… « Nous avons enrichi la palette de couleurs et de formes, pour sortir du cliché rustique », explique Michèle Gourtay, chargée de cette gamme pour l’industriel du Val-de-Loire (55 salariés, 5 millions d’euros de chiffre d’affaires) qui se distingue par un showroom parisien. Sur ce marché certes marginal, les réflexions de Wienerberger, major mondial de la terre cuite, concourent à un sentiment de rajeunissement, après une période de basses eaux : « Quand les barbecues en briques sont passés de mode, nous avons délaissé l’univers du jardin pour nous concentrer sur les façades. Mais le nouveau catalogue en cours de préparation présentera une gamme de pavés réactualisée, en couleurs et en formats », annonce Inacio Madaleno, directeur des ventes Terca chez Wienerberger France. Ces frémissements stopperont-ils la morosité du marché ? Depuis 2008, la production française de briques apparentes et de pavages ces derniers pèsent environ 5 % du total est passée de 214 000 à 131 000 t selon la Fédération française des tuiles et briques. Mais le transfert de nouveaux savoir-faire du bâtiment a bel et bien commencé : aux monolithes à joints minces qui bardent les façades tertiaires répondent de nouveaux pavés de plus grande surface. « De même, les recherches sur la prévention des mousses et lichens en toiture intéressent le monde de l’aménagement extérieur », précise Olivier Dupont, architecte chargé des produits et ouvrages au Centre technique de matériaux naturels de construction. Après déconstruction et concassage, la recyclabilité de la terre cuite qualifie ce matériau pour une seconde vie, dans les mélanges terre-pierre ou dans les sols drainants.

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