« La maîtrise d’œuvre doit s’unir »

A l’occasion du 36e congrès du Synamob* organisé conjointement avec la Cnamome**, qui se tiendra à Vichy les 16 et 17 juin, les adhérents des deux syndicats de maîtrise d’œuvre devraient voter leur union. Une initiative que Claude Dufour, président du Synamob, souhaite précurseur de la création d’une fédération française de la maîtrise d’œuvre.

« La réhabilitation, un défi économique, technique et juridique » est le thème central des débats du congrès de Vichy. Pourquoi ?

L’enjeu écologique majeur pour les bâtiments est dans la réhabilitation. L’intervention de la maîtrise d’œuvre y est capitale contrairement aux idées reçues, en particulier du grand public. Le diagnostic, trop souvent absent, est la base d’une prescription adaptée à ces opérations complexes. Au congrès de Vichy, nous rappellerons à nos adhérents et invités le rôle de la maîtrise d’œuvre pour réussir les réhabilitations à la fois thermique, acoustique, parasismique, d’accessibilité... du bâti.

Avec Christian Barbe, président de la Cnamome, vous avez annoncé récemment un projet de fusion de vos deux syndicats. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Les adhérents de nos deux organisations professionnelles, le Synamob et la Cnamome, se retrouvent au congrès du Synamob à Vichy pour voter cette fusion. Avec Christian Barbe, nous ne doutons pas que le vote sera favorable à cette belle idée de regroupement. Nous partageons en effet les mêmes préoccupations de qualité en construction. S’en suivra alors, une fois le vote acquis, la rédaction des statuts et une nouvelle organisation qui devront être approuvées au congrès de 2012. Enfin, nous élirons le président de ce nouveau syndicat lors du congrès de 2013.

Qu’est-ce que cette union vous apportera ?

Ce syndicat Synamob-Cnamomequi regroupera les 700 adhérents du Synamob et les 300 de la Cnamome attirera sans doute de nouvelles adhésions. Nous en attendons 500 de plus d’ici à 2013. Cela fera de nous un pôle de prescripteurs très attractif pour les industriels de la construction. Nous avons besoin d’eux et de leurs innovations pour progresser dans nos métiers. Cette fusion fera également de nous une organisation professionnelle de poids dans les discussions avec les pouvoirs publics sur les évolutions réglementaires à venir. Enfin, ce regroupement préfigurera, nous l’espérons, un rapprochement à venir des composantes de la maîtrise d’œuvre.

Comment imaginez-vous que les organisations professionnelles de maîtrise d’œuvre puissent se rapprocher ?

La maîtrise d’œuvre souffre en France de son éparpillement. Il est urgent de créer une fédération des métiers de la maîtrise d’œuvre. Architectes, ingénieurs, économistes, techniconcepteurs (ndlr : adhérents du Synamob), architectes d’intérieur, paysagistes et autres professionnels de la conception du cadre de vie, ont vocation à entretenir un dialogue permanent au sein d’une structure qui les rendra forts et efficaces. Et cela en particulier face aux évolutions réglementaires actuelles. Ce dialogue pourrait notamment, nous l’espérons, déboucher sur la création d’une formation commune en maîtrise d’œuvre. Pierre Mit, président de l’Union nationale des économistes de la construction (Untec), a d’ailleurs exprimé ce même souhait récemment dans les colonnes du « Moniteur ».

Les groupes de travail de maîtrise d’œuvre constitués par les pouvoirs publics à l’occasion des réformes réglementaires ne vous semblent pas efficaces ?

Il est clair que l’union fait la force. Aujourd’hui, les pouvoirs publics peuvent utiliser nos divisions au sein de la maîtrise d’œuvre pour faire leur choix sans réelles négociations. C’est le cas actuellement pour la réforme de l’urbanisme en cours. L’annonce par Benoist Apparu, secrétaire d’Etat au Logement et à l’Urbanisme, du projet de relèvement de 20 à 40m2 du seuil maximum de déclaration de travaux est révélatrice. Cette disposition n’a pourtant pas été évoquée dans les groupes de travail convoqués par Benoist Apparu. Ce point illustre ma déception quant à l’utilité réelle de ces groupes de travail.

Cette réforme vise pourtant à simplifier les règles d’urbanisme. N’est-elle pas pertinente ?

Nous ne croyons pas à cette simplification bien qu’elle parte d’une bonne intention. Les difficultés que la maîtrise d’œuvre rencontre aujourd’hui dans les autorisations d’urbanisme suite à la réforme de l’urbanisme de 2007 montrent clairement que les services instructeurs des communes ont du mal à évoluer. Ils croient se protéger à travers des demandes administratives inutiles qui fragilisent les demandes de permis de construire, alourdissent et renchérissent les procédures pour le demandeur. Cette situation, qui a été également dénoncée par l’Union nationale des syndicats d’architectes (Unsfa), n’a cessé de se dégrader depuis la réforme de 2007.

Quelle serait la solution pour éviter ces dérives ?

Les villes doivent se doter de compétences en matière de permis de construire. Cela passe par la formation des personnels en place ou le recours à des personnes compétentes pour instruire les demandes de permis de construire.

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