La FNTP anticipe une année 2014 catastrophique

Bruno Cavagné, le président de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) tire la sonnette d'alarme. Les entreprises du secteur s'enfoncent dans la crise avec un nouveau recul de l’activité prévu pour 2014 et une perte de 12 000 emplois à la clé.

 

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Bruno Cavagné, président de la Fédération nationale des travaux publics

«Catastrophique !» C’est le mot employé par Bruno Cavagné, le président de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP), le 12 novembre, pour décrire les perspectives de son secteur. Ainsi, selon la FNTP, le chiffre d’affaires 2013 des travaux publics en France devrait atteindre 39,5 milliards d’euros, un chiffre en baisse de 3% en euros constants par rapport à 2012. «Ces six dernières années (entre 2007 et 2013 ndlr), alors que le PIB du pays a progressé de 0,6%, le chiffre d’affaires des travaux publics a reflué de 20% », déplore Bruno Cavagné. Alors qu’il s’agit d’une année préélectorale généralement favorable à l’investissement, les collectivités locales ont réduit leur demande de près de 4%. «Du jamais vu depuis 30 ans», assure la FNTP. A noter que les prévisions de la Banque Postale pour l’investissement local sont moins sombres. L’héritière de Dexia anticipe une hausse globale de 1,7% de l’investissement local pour 2013, une hausse de 2,9% pour les communes et un bond de 4,2% du côté des communautés de communes. «L’investissement des collectivités locales n’est pas forcément fléché vers notre secteur » a réagi Bruno Cavagné.

12 000 emplois supprimés en 2014

Reste qu’en conséquence, le secteur des travaux publics aurait perdu 8000 emplois permanents et 1000 emplois intérimaires en équivalents temps plein en 2013. «Nos entreprises sont en danger, plaide Bruno Cavagné. Le taux de rentabilité net moyen a chuté à 1,7% à fin 2012. Avec cela, soit vous vivotez, soit vous disparaissez ! D’ailleurs, à cette même date, 20% des entreprises affichaient une perte. Et tout indique que 2014 sera pire que 2013.» La FNTP anticipe en effet un nouveau recul global de 4% l’année prochaine. Par segments, la demande des collectivités locales, qui représente 43,9% du chiffre d’affaires du secteur, devrait baisser de 8%. Dans le détail, les investissements du bloc communal devraient reculer de 10% - la Banque postale table plutôt sur 4%-, ceux des départements de 0,5% et ceux des régions de 3%. Du côté du privé, la demande devrait également se contracter (-4%). L’État devrait quant à lui maintenir ces dépenses et les grands opérateurs (RTE, ERDF, RFF, VNF…) seraient les seuls à être susceptibles de tirer l’activité (+3%).  Conséquence : la FNTP prévoit la suppression de 12000 emplois de plus en 2014.

Fin des grands chantiers

Le pic d’activité lié à la construction des quatre lignes à grande vitesse sera atteint en 2014. « 20 000 salariés seront associés à ces chantiers cette année-là, rappelle le président de la FNTP. Une fois ce pic passé, les besoins en main-d'œuvre seront divisés par trois en 2016 avec l’achèvement des travaux. Et ce n’est pas la série d’annonces de lancement de projets non financés (canal Seine Nord, LGV Lyon Turin et Bordeaux-Dax…) qui va nous rassurer !» En revanche, Bruno Cavagné a confirmé l’accord signé entre les concessionnaires et l’État au sujet du plan de relance autoroutier. Le dossier, qui porterait sur un allongement moyen de 3 ans des concessions en échange des travaux, serait en cours d’examen à Bruxelles. Le verdict de la Commission européenne est attendu d’ici à la fin de l’année.

«Conséquences graves»

En parallèle, du fait de la baisse de la subvention versée par l'État à l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF), ramenée à 334 millions d'euros l'an prochain contre près de 660 millions cette année, ainsi que «la suspension de l'écotaxe qui devait être affectée à hauteur de 500 millions d'euros à l'AFITF en 2014», «ce sont plus de 800 millions qui n'iront pas à la construction et à l'entretien de lignes ferroviaires, routes, transports en commun, maritimes ou fluviaux en 2014», s’inquiète Bruno Cavagné, qui a rendez-vous au ministère des Transports la semaine prochaine pour plaider la cause des travaux publics. D’autant qu’en 2014, la baisse des dotations de l’État aux communes et intercommunalités sera de 840 millions d’euros. «L’impact pourrait être de 350 millions d’euros environ sur un an pour l’investissement en travaux publics», estime la FNTP.  «Le cumul de ces décisions a pour conséquence une perte de 1,4 milliard d'euros d'activité pour notre secteur l’an prochain», déplore la FNTP, estimant que «le manque de vision sur le plan des infrastructures aura des conséquences graves sur l'ensemble de l'économie française».

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