Le quartier de la Défense, à l’ouest de Paris, aura 50 ans en 2008. Il reste l’exemple même d’une opération d’aménagement d’Etat, à la française, créée pour développer les capacités du centre d’affaires parisien alors concentré autour de l’Opéra et des Champs-Elysées. Après l’inauguration du Cnit par le général de Gaulle en 1958, la Défense verra ses premières tours construites dans les années 60 et 70, de part et d’autre d’un axe central sur dalle, qui prolonge l’axe historique partant du Louvre. Mais les années 80 sont des années de crise, beaucoup de bureaux sont vides et l’avenir du quartier d’affaires n’est pas assuré. « S’il n’y avait eu que le secteur privé, on aurait peut-être un parc d’attractions aujourd’hui à la Défense. Mais l’existence d’un établissement public d’aménagement a permis de mieux résister dans les périodes de récession. Même s’il a un peu bridé le mouvement en période de croissance », remarque Bernard Bled, directeur général de l’Epad (établissement public d’aménagement de La Défense).
Toujours est-il que l’attractivité du quartier a faibli ces dernières années. Sur les dix groupes mondiaux implantés en 1995, sept ne le sont plus en 2005. Et depuis l’an 2000, Londres a attiré 25 % des implantations de sièges sociaux en Europe contre seulement 5 % pour l’agglomération de Paris. D’où la nécessité d’élaborer un plan de modernisation pour dynamiser ce qui reste néanmoins le plus grand quartier d’affaires européen avec 71 tours et 3,5 millions de m2 de bureaux « Il y a urgence, dit Bernard Bled, certaines tours anciennes ne sont vraiment plus aux standards internationaux et pourraient affecter l’ensemble du marché immobilier de la Défense. » En juillet 2006, le plan est adopté par le gouvernement. Il prévoit 450 000 m2 de bureaux neufs dont 150 000 m2 par démolition-reconstruction. D’ici à 2013, six nouvelles tours (d’une hauteur maximale de 300 m contre 200 m pour les tours actuelles) devraient être créées ainsi que des immeubles de moindre hauteur. Une quinzaine de tours seront démolies et reconstruites, d’autres simplement rénovées. Libérant les emprises nécessaires, la transformation du boulevard circulaire permettra de mieux raccorder le quartier à son environnement urbain, comme en témoigne le nouveau cours Gambetta, liaison verte qui donne accès à Courbevoie.
Le plan de modernisation, qui doit mieux repositionner Paris en matière d’accueil d’entreprises étrangères, se veut aussi ambitieux en matière de développement durable. Les deux premiers bâtiments s’annoncent innovants en matière d’économie d’énergie. La tour Unibail, conçue par l’architecte californien Thom Mayne (agence Morphosis), présente une morphologie organique, en surplomb du boulevard circulaire. Elle sera dotée d’une double peau permettant une ventilation naturelle et d’éoliennes participant à l’alimentation du bâtiment. La tour Générali-Vinci, attribuée aux architectes Valode et Pistre, marquera l’entrée du quartier d’affaires avec sa flèche pointant à 300 m de hauteur, qui intégrera des éoliennes à axe vertical. Panneaux solaires, cellules photovoltaïques, baies à haute performance environnementale devraient réaliser une économie d’énergie de 60 % par rapport à une construction conventionnelle. Une troisième tour, dont le concours devrait être lancé avant la fin de l’année, sera mixte. Elle abritera des bureaux, des commerces, des logements et un hôtel. La construction d’au moins 1 400 logements, d’équipements et de services, ainsi que le prolongement du RER (Eole) à partir de la gare Saint-Lazare participeront aussi aux objectifs de développement durable poursuivis par l’Epad.