Destinée à symboliser le renouveau du quartier d’affaires de l’Ouest parisien, la tour Signal sera construite par Jean Nouvel, associé aux investisseurs espagnols Medea et Layetana Desarollos Immobiliarios. « Le projet de Jean Nouvel présente une typologie de tour encore jamais vue. Sa silhouette puissante permet de rééquilibrer le paysage de La Défense autour de la Grande Arche et elle consacre une approche de la mixité organisée de manière très intelligente », a commenté Patrick Devedjian, président du conseil d’administration de l’Epad (Etablissement public d’aménagement de la région de La Défense), à ce titre, président du jury. Autant de raisons qui ont permis au lauréat du Pritzker Price 2008 de l’emporter face aux quatre autres équipes en lice (voir en rubrique Résultats de concours, page 84).
Centralité
Avec la tour Signal, l’architecte propose de créer un symbole de centralité. « La Défense sera l’expression d’un nouveau centre lié au développement du Grand Paris, explique-t-il. Cette centralité se traduit par un bâtiment plus large, plus massif et plus lisible que les tours existantes. On voit apparaître une nouvelle échelle, une densité accentuée, une vision supplémentaire. » Culminant à 301 m (71 étages, soit un mètre de plus que les tours Phare et Generali), sur une base de 65 m sur 52 m, la tour Signal se composera de quatre plots empilés, chacun correspondant à une fonction spécifique : en haut des logements de standing (33 000 m2, 90 logements) ; au milieu, un grand hôtel (39 000 m2, 333 chambres), puis des bureaux (50 000 m2, soit le maximum autorisé par le cahier des charges) et au rez-de-chaussée, des commerces et des restaurants (10 000 m2) et un équipement public (8 000 m2). Ces cubes, partiellement évidés, accueilleront de grandes terrasses couvertes, les « loggias ». Créées en alternance sur les façades est (côté Paris) et ouest (côté Nanterre), elles seront décorées d’images fractales inspirées des travaux du mathématicien français Benoît Mandelbrot.
Peau en acier
« A l’intérieur de ces grands volumes, on aura un autre plaisir à vivre la verticalité », ajoute Jean Nouvel qui affiche son ambition de changer l’essence même des tours en cassant quelques-uns des tabous attachés aux immeubles de grande hauteur : celui de l’opacité – les loggias seront visibles de l’extérieur – ; celui de la claustrophobie en offrant la possibilité d’ouvrir les fenêtres des logements donnant sur le jardin intérieur.
Cette inventivité conceptuelle s’accompagne d’un procédé constructif assez simple : une structure en béton orthogonale autour de deux noyaux latéraux, recouverte d’une peau en acier inoxydable. « De couleur zinc, elle contrastera avec les miroirs dorés posés le long des fenêtres », détaille l’architecte. Développement durable oblige, la tour sera équipée de panneaux solaires et d’éoliennes et utilisera la géothermie. Les grands atriums vitrés, qui pourront s’ouvrir et se fermer, assureront une ventilation naturelle. Objectif visé : une consommation en énergie primaire de 50 kWh/m2/an. Les investisseurs avancent un montant de travaux de 600 millions d’euros et annoncent une livraison pour Noël 2013.
Ce calendrier pourrait être remis en cause par Joëlle Ceccaldi-Reynaud, député-maire de Puteaux, commune sur laquelle Jean Nouvel a choisi d’implanter son bâtiment (1), sur la porte Ouest. N’appréciant pas l’esthétique du projet, elle menace de le bloquer en ne procédant pas à la modification du POS. L’architecte, qui doit rencontrer l’élue, le 9 juin, temporise : « Si je peux prendre en compte certaines de ses préoccupations, je le ferai. »
Candidat malheureux, Hermitage, associé à l’architecte Jacques Ferrier, a décidé pour sa part de maintenir son projet : une double tour, en bord de Seine, à la place de logements sociaux, regroupant sur 250 000 m2, des bureaux (30 000 m2), des logements (120 000 m2), un hôtel… Le promoteur russe a saisi au bond les propos de Patrick Devedjian prédisant que « certains projets (non retenus) auront certainement un avenir à La Défense ».
Pour l’instant, l’Epad se contente d’indiquer qu’il n’a plus de charges foncières bureaux à vendre. Avec la tour Signal, l’aménageur boucle le plan de renouveau du quartier d’affaires. Lancé par Nicolas Sarkozy (alors président de l’Epad) en juillet 2006, il prévoit la construction de 450 000 m2 de bureaux supplémentaires répartis en huit opérations ; 100 000 m2 de bureaux pour le ministère de l’Equipement et 100 000 m2 de logements (1 400). La décision d’ouvrir de nouveaux droits à construire relève du gouvernement.