Il avait fait la Une du Moniteur en août 2013 pour illustrer notre série d’été consacrée aux sportifs professionnels du BTP. Aujourd’hui encore, il mériterait cette exposition médiatique tant son récent parcours dans la dernière Route du Rhum force le respect.

Gilles Buekenhout est un habitué de cette compétition, mais, cette année, le Rhum a un goût amer même si l’architecte et skipper amateur peut s’estimer heureux d’être en vie.
Mercredi 23 novembre à 19h20 TU (20h20, heure française), la direction de course de la 12e édition de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe a reçu un message du Cross Antilles l’informant que Gilles Buekenhout, sur Jess, avait déclenché sa balise de détresse. Ce dernier a ensuite contacté la direction de course aux alentours de 19h27 TU (20h27 heure française) pour confirmer qu’il avait chaviré à 225 milles nautiques de Tête à l’Anglais. Il a heureusement pu être récupéré sain et sauf environ deux heures après son chavirage nocturne par le cargo Chem Patriot dérouté par le Cross. Aujourd’hui encore, Gilles Buekenhout n’a toujours pas compris ce qu’il est passé.
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La victoire lui était acquise
Seul amateur en tête d’une des six catégories, le skipper-architecte se préparait à célébrer sa victoire dans sa catégorie Rhum Multi. Un exploit pour un amateur sans sponsor,ayant préparé lui-même son bateau avec quelques copains et barrant un rustique trimaran de 40 pieds face à des bateaux de 50, voire 60 pieds. Après avoir effectué une grande partie de la course en tête, il était toujours, à la veille de son arrivée, juste devant des skippers chevronnés comme Loïc Escoffier, Roland Jourdain et Marc Guillemot. Une magnifique illustration de l’esprit d’origine de la Route du Rhum où les amateurs avertis peuvent s’exprimer dans la cour des grands navigateurs.
Un plongeon de 10 mères
Alors que l’île était dans ses radars, Gilles venait de se raser quand il a vu un gros grain arriver. « J’ai repris la barre et m’attendais à gérer ce grain comme on en a déjà géré plusieurs depuis qu’on navigue dans les alizés. Sauf que j’ai pris une vague, beaucoup plus forte que les autres, également par l’arrière qui a fait enfourner le bateau » raconte-t-il. Le bateau s’est ensuite mis à la verticale et Gilles a chuté de son poste de barre faisant un plongeon de 10 mètres avant que le bateau ne se retourne complètement. Malgré tout, il a réussi à rester lucide et est parvenu à atteindre sa trappe de survie pour déclencher les secours et à fermer la porte de son bateau. Il lui a ensuite fallu nager une cinquantaine de mètres pour rejoindre le cargo avant de se hisser, à bord, à bout de forces. « J’aurais pu avoir des pensées noires, mais non, l’instinct de survie a été plus fort » a-t-il témoigné en ajoutant avec philosophie, « On va faire avec, il y a des choses plus graves dans la vie ».
Remettre Jess à flot
Pour le skipper amateur qui autofinançait sa course, l’aventure ne se termine pas là et, une fois à terre, il lui a fallu ensuite mettre tout en œuvre pour récupérer son bateau. Quelques jours après, il a réussi à retrouver et ramener son trimaran à Pointe-à-Pitre, grâce à un remorquage et deux passages d’avion assez onéreux. Pour que Jess puisse à nouveau naviguer, Gilles Buekenhout va devoir se lancer dans de coûteuses réparations. Sans sponsor ni assurance (il est impossible d’assurer les bateaux pour une telle course en solo), une cagnotte a été mise en place.
Retour de Gilles Buekenhout sur la terre ferme avec la SNSM après son chavirage :