Près de vingt ans après la fermeture des usines Renault à Boulogne-Billancourt, l’avenir de l’île Seguin est-il enfin définitivement tracé ? L’adoption récente de la révision simplifiée du plan local d’urbanisme (PLU) marque une étape décisive dans la mise en œuvre du projet urbain de l’architecte Jean Nouvel, même si les multiples rebondissements qui ont jalonné l’histoire du site depuis 1992 incitent à une certaine prudence. Pierre-Christophe Baguet, député et maire de Boulogne-Billancourt, ne cache pas sa satisfaction : « Ce vote envoie un signe fort aux opérateurs qui ont déjà signé un protocole avec nous pour s’installer sur l’île. »
Le PLU révisé autorise la réalisation d’un programme de 310 000 m Shon (voir ci-contre) et la construction de cinq tours, appelées « châteaux ». A la suite de l’enquête publique, la Ville a fixé leur hauteur maximale à 120 m pour l’une, 100 m pour les autres, et réduit la constructibilité de 27 500 m. Certains riverains jugent l’opération encore trop dense surtout au regard des promesses de Pierre-Christophe Baguet pendant la campagne des municipales de 2008 qui proposait de ramener le projet de l’équipe sortante de 175 000 m à 110 000 m. Depuis, la donne a changé. Les conclusions de la consultation internationale sur le Grand Paris vont toutes dans le sens d’une métropole durable et dense, argumente Jean Nouvel, désigné architecte-coordonnateur en juillet 2009. « Ce projet est le premier à s’inscrire dans le droit fil d’une proposition des dix équipes du Grand Paris », poursuit-il.
Une « petite ville dans la ville »
Jean Nouvel a imaginé un écoquartier tendant vers un bilan énergétique proche de zéro et bien desservi par les transports en commun (arrivée du métro automatique du Grand Paris en 2018-2020). En surface, seuls les véhicules électriques pourront y circuler.
« Par la densité, on cherche aussi à obtenir une masse critique suffisante pour créer sur l’île Seguin une petite ville dans la ville, la transformer en île Saint-Louis du XXI siècle », indique David Fagart, architecte chez AJN (Ateliers Jean Nouvel). Les salariés (entre 8 000 à 10 000) feront vivre les commerces et les restaurants la journée ; les spectateurs des cinémas, des salles de concert… animeront les lieux le soir. Enfin, la vente des droits à construire, notamment des 135 000 m de bureaux, doit assurer l’équilibre financier de l’opération. Les travaux à la charge de la SAEM Val de Seine Aménagement s’élèvent à 320 millions d’euros sans compter le coût d’acquisition de l’île (54 millions). La SEM veut créer des espaces publics qualitatifs à la hauteur de l’ambition affichée : faire de l’île Seguin un lieu de destination fort à l’échelle du Grand Paris. Si des recours contre le PLU ne retardent pas le calendrier, les travaux pourraient débuter fin 2013 pour de premières livraisons deux ans plus tard.