L’avenir du canal Seine Nord Europe s’assombrit encore

Le 16 octobre, le directeur adjoint de cabinet de Frédéric Cuvillier, ministre délégué chargé des Transports, a confirmé que l’équilibre financier du Canal Seine Nord Europe était remis en question. En parallèle, des élus locaux du Nord se proposent de remettre la main à la poche. 

Image d'illustration de l'article
Le tracé du futur canal Seine Nord

Lorsque l’on évoque le canal Seine Nord Europe, c’est rarement pour dire que le projet avance. François Poupard, le directeur adjoint de cabinet de Frédéric Cuvillier, le ministre délégué chargé des Transports, intervenant lors du petit-déjeuner d’Afilog organisé le 16 octobre par Business Immo Conférences & Formations, n’a pas fait exception à la règle.

«Notre crainte, pour ce projet très complexe, est son coût, aujourd’hui estimé autour de 6 milliards d’euros contre 4,7  initialement, a indiqué François Poupard. Notre deuxième crainte, ce sont les subventions de l’État de 2,2 milliards d’euros. La troisième crainte reste le financement du projet avec 2,5 à 3 milliards de crédits bancaires ».

Il poursuit : « Si le canal Seine-Nord Europe s’avère trop coûteux, s’il impacte trop difficilement les finances publiques, il faudra reprendre le projet pour voir s’il est bien dimensionné à ce stade. Il faudra également repenser son financement. Aujourd’hui, nous sommes clairement au milieu du gué».

« La SNCF à la manœuvre »

Pour autant, les élus locaux concernés par projet qui permettra de constituer un vaste corridor de transport de fret fluvial, depuis le Havre jusqu'au Benelux, semblent plus mobilisés que jamais. Alors que les motions des communes, départements et des conseils régionaux se succèdent pour soutenir le projet, Patrick Kanner, président du Conseil général du Nord, vice-président de l’Assemblée des départements de France et proche de François Hollande a récemment confié au Moniteur qu’il appelle à la réunion de toutes les collectivités concernées pour remettre au pot si nécessaire.

Il estime que les deux régions et les départements concernés pourraient apporter un milliard d’euros supplémentaires au financement du projet. Il dit aussi que s’il faut remettre le partenariat public-privé (PPP) en cause, il faut le faire vite pour élaborer un nouveau projet de financement. « Il ne faut pas le cacher, un puissant lobby, celui de la SNCF, est à la manœuvre à Bercy pour faire passer sa ligne de ferroutage nord-sud en lieu et place du canal », a pour sa part déclaré Christian Decocq, élu UMP à Lille métropole, lors du dernier conseil de la communauté urbaine, le 12 octobre, à l’occasion de l’adoption de la motion portée par sa présidente Martine Aubry et appelant à une réalisation rapide du canal.

« Impasse budgétaire »

Frédéric Cuvillier, le ministre délégué chargé des Transports avait déjà émis des réserves sur la capacité de l’État à financer le projet. « Nous sommes aujourd'hui dans le tour de table pour le financement avec un partenariat public-privé avec une réalité d'impasse budgétaire de l'ordre de 2 à 2,5 milliards », avait-il déclaré en juin avant de tempérer son propos en évoquant la recherche d’autres contributions, notamment de l’Union européenne.

Le processus de sélection entre les deux candidats déclarés Bouygues Travaux Publics et Vinci Concessions devait intervenir à la fin de l'année. Mais une commission chargée de hiérarchiser les projets inscrits au schéma national des infrastructures de transports (SNIT) dont le Canal Seine Nord fait partie sera lancée demain. Ses conclusions, très attendues, seront rendues dans six mois.

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !