L’autopromotion arrive en France par Strasbourg. Les 20 et 21 novembre prochains, les premières « Rencontres nationales de l’habitat participatif » donneront une visibilité à cette nouvelle manière de produire des logements collectifs, sans l’intermédiaire d’une maîtrise d’ouvrage professionnelle, qui se développe dans le Grand Est. Ces rencontres clôtureront la semaine du « Forum des écoquartiers », orchestré par la communauté urbaine de Strasbourg (CUS) pour stimuler l’appropriation collective des enjeux de l’écologie urbaine.
Les rencontres nationales et le forum coïncident avec l’inauguration du premier immeuble strasbourgeois d’autopromotion (voir p. 70), réalisé par le collectif Eco-Logis sur le modèle des Baugruppen développés en Allemagne dans les années 1990. Depuis, avec l’aide du CAUE du Bas-Rhin, l’association Eco-quartiers, issue du collectif Eco-Logis, a engagé plusieurs groupes dans une aventure similaire.
Mixité logements-activités
Sur le plan politique, la Ville de Strasbourg a pris le relais en lançant en novembre 2009 la consultation « Dix terrains pour dix immeubles durables », sur un foncier qu’elle cède gratuitement. Cinq lauréats ont été désignés (voir pages suivantes). La procédure a mis en concurrence des équipes associant architectes et groupes de citoyens, dans des projets logements-activités. « Nous essuyons les plâtres », reconnaît Alain Jund, adjoint au maire chargé de l’urbanisme. Les dix-sept équipes candidates se sont concentrées sur les cinq terrains les mieux desservis et les moins contraints, sur les plans technique et réglementaire. « Sans doute avons-nous surestimé le potentiel de la mixité logements-activités, ce qui a freiné les candidatures », observe Stéphanie Strasser, chef de projet au service de la planification urbaine. Les critères de sélection ont aussi fait débat : Stéphanie Strasser avoue que les projets « SCI Gros poisson » et « Greenobyl 2 » ont davantage été jugés sur la qualité architecturale et l’articulation avec le tissu urbain que sur le projet de vie. « Les personnes disposaient d’un délai très court pour définir un projet entre eux, et avec les architectes », ajoute-t-elle.
Experts juridiques, sociologues
Pour définir le dispositif juridique le mieux adapté, la CUS, soutenue par la CDC, a lancé une consultation auprès d’experts juridiques et de sociologues, chargés d’étudier des montages opérationnels nationaux et européens. Une piste : des montages de type coopératif. Parallèlement, la CUS poursuit une politique de réservation systématique de terrains pour l’autopromotion dans ses opérations d’aménagement. Ces premières expériences pourront nourrir le cahier des charges d’une consultation en 2011.
