Ingrid Taillandier, l’architecte qui monte

Fascinée par les tours et leur « âme », l’architecte a consacré de nombreux travaux et une exposition à la grande hauteur. Une activité parmi d’autres pour cette jeune femme qui mène son agence, Itar, depuis 2003 et enseigne par ailleurs.

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L'architecte Ingrid Taillandier

Du 11 septembre 2001, Ingrid Taillandier se souvient comme du jour « où l’on s’est attaqué au symbole de la métropole moderne. Pour moi, celle-ci est née en effet avec les tours. » Dix ans plus tard, elle se rappelle aussi combien elle avait été frappée par « la vulnérabilité » des Twin Towers. « Ça a été un choc : elles n’étaient pas indestructibles », pas immuables, donc, dans le skyline new-yorkais. Cette ligne de crêtes urbaines, Ingrid Taillandier la connaît bien, elle qui a obtenu un master d’architecture à Columbia, en 1998. Sa camarade d’études et amie Tala Mikdashi raconte qu’elle « habitait Brooklyn, d’où l’on voit bien mieux les immeubles de Manhattan que si l’on y vit ».

Ingrid Taillandier a alors éprouvé un coup de foudre pour cette « grosse pomme » hérissée de centaines de flèches. De là, elle en a conçu une véritable passion pour les gratte-ciel. « Je les aime parce qu’ils ont une âme. Les tours sont de véritables personnages, un peu comme sur la couverture du livre "New York Délire" de Koolhaas, dit-elle. Et, au-delà de cette fascination, je suis aussi persuadée que la grande hauteur est une solution pour construire dense, resserré. Pour introduire de la dynamique.»

Au point le plus haut

Elle est en tout cas enchantée par le sujet au point, quand on lui demande sa date de naissance, de répondre que c’était en 1973, soit pas longtemps avant « qu’on interdise la construction de tours à Paris ». Marquant même quand on n’est pas originaire de la capitale mais du Blanc, 8000 habitants à l’époque, dans l’Indre. Au point encore de ne plus visiter de villes sans « monter au plus haut point, là d’où la vue est dégagée et le grand paysage révélé », comme depuis la Fernsehturm de Berlin. A Paris, elle était même parvenue à visiter le haut de la BNF alors en chantier. Mais dans la capitale, elle préfère « être juste au-dessus du niveau des toits, sinon tout est écrasé ».

Revenue en France, Ingrid Taillandier est sortie diplômée de Paris-Belleville en 2000 et parallèlement a écrit - et publié dans AMC - sur son sujet de prédilection. Sa réflexion a abouti en 2009 à l’exposition au Pavillon de l’Arsenal « L’Invention de la tour européenne », dont elle a assuré le commissariat avec le journaliste Olivier Namias.

Les yeux au ciel

Les yeux au ciel mais les pieds sur terre, Ingrid Taillandier mène aussi ITAR, l’agence qu’elle a créée à Paris en 2003, après avoir travaillé chez Philippe Gazeau. Dans sa pratique, la jeune femme s’intéresse à des sujets multiples, notamment l’habitat, qu’il soit collectif ou individuel. En décembre dernier, elle livrait d’ailleurs son premier immeuble à Paris, 7 logements sociaux rue Pouchet dans le 17e arrondissement. Mais on ne peut s’empêcher de lui demander si son rêve n’est pas de bâtir une tour. « Bien sûr, ça ne me déplairait pas », répond-elle mais ses ambitions en la matière sont, évidemment, hautes.  « Il faudrait que ce soit un moyen de penser des usages différents ». Et d’insister sur la « mixité » indispensable pour créer de nouvelles typologies d’immeubles.

En attendant, Ingrid Taillandier s’offre le luxe permis aux seuls gros bosseurs : être touche-à-tout. En plus de ses recherches et de l’agence, elle enseigne. Et à entendre son amie Tala Mikdashi qui, elle, a son bureau à Londres, « elle a toujours quelque chose sur le feu : un article, un projet, un livre… Elle trouve y compris le moyen de recevoir ses amis. Car c’est une très bonne hôtesse ». Sans oublier non plus de mener sa vie de famille – elle a une petite fille. Il en faut de toute façon beaucoup pour la rassasier. Elle qui déplore ces critiques « qu’on entend souvent au sujet des architectes qui auraient une attitude trop fermée », a toujours « envie d’aller voir ailleurs », du côté de l’art, de l’histoire et de la sociologie. Mais force lui est de constater qu’on ne peut pas visiter toutes les expositions ni assister à toutes les conférences. Alors Ingrid Taillandier soupire : « Ça fait longtemps que je ne suis pas allée à un concert.»

www.itar.fr

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