Quelles conséquences le confinement a-t-il sur les projets et les chantiers de votre agence ?
Au début du confinement, avec mon associé Nicolas Renard, nous avons dressé la liste de tous nos projets et chantiers, puis contacté les maîtrises d’ouvrage pour savoir ce qui allait advenir de chacun d’eux. Si les études ont pu perdurer, la majorité des chantiers s’est arrêtée du jour au lendemain.
A l’Ecole normale supérieure Paris-Saclay [Renzo Piano Building Workshop, architecte, NDLR], il restait une vingtaine d’arbres à planter, sur 150 en tout, ainsi que des massifs. Des conducteurs de travaux ont été contrôlés mi-mars par la police nationale qui leur a fait savoir que les chantiers d’espaces verts ne représentaient pas une nécessité impérieuse de déplacement et, donc, qu’ils devaient rentrer chez eux. Sauf qu’on était là dans une situation d’urgence : l’entreprise chargée du réseau d’arrosage n’avait pas fini l’installation. Ce point critique devrait être réglé cette semaine.
Les paysagistes ont la particularité de travailler avec une matière vivante. Le printemps est une période sensible pour les plantations et le confinement pourrait engendrer des pertes. Il faut donc assurer leur survie.
Vous œuvrez aux côtés de l’agence Dominique Perrault Architecture à la restructuration de La Poste du Louvre à Paris (Ier). Qu’en est-il du planning de l’opération ?
Nous devions impérativement terminer le jardin sur le toit pour le mois d’avril, puisque la grue du chantier devait être démontée à ce moment-là. La moitié des arbres a pu être livrée et plantée. L’autre moitié aurait dû l’être durant la première semaine du confinement. En attendant, nous avons élaboré un plan de bataille avec toute la chaîne de production. J’ai demandé à l’entreprise générale de contacter la pépinière pour savoir si elle pouvait quand même arracher les 25 arbres sélectionnés et les mettre dans des bacs hors-sol, un peu comme des pieds de tomates sous perfusion. Si le chantier se réactive en mai, nous pourrons les implanter sur le site en juin. Sinon, il faudra reporter cette opération à l’automne prochain.
Comment envisagez-vous l’après-confinement ?
Pour l’instant, c’est assez obscur. On a tous envie que l’activité reparte rapidement pour retrouver un rythme de vie professionnelle normal et consolider économiquement son entreprise. Mais j’ai peur d’une trop grande précipitation pour rattraper le temps perdu, qui pourrait nous amener à faire des bêtises. Une construction s’éprouve dans la durée, en prenant du recul pour proposer les meilleures solutions possibles. J’espère qu’on gardera ça à l’esprit afin de redémarrer ensemble avec sérénité.
Le nom de votre agence rappelle un célèbre proverbe. Après la pluie, espérez-vous le beau temps ?
Le nom de mon agence me rend toujours optimiste ! On l’avait choisi pour tout ce que génère de positif la pluie : la bonne odeur de la terre, les végétaux qui commencent à croître, les rivières qui retrouvent un bon niveau d’étiage. On a imaginé ce nom d’une façon poétique, pas catastrophique.