Les lisières de Boulogne-Billancourt et de Paris, entre les serres d'Auteuil et la Seine ont fait l'objet d'une étude confiée à Pascal Cribier - concepteur du jardin des Tuileries -, Lionel Guibert et Patrick Ecoutin. Leur mission : établir des propositions pour réaménager l'ancienne zone non-aedificandi des fortifications. Ce lieu se compose d'une juxtaposition d'équipements sportifs qui se sont érigés en « forteresses » fermées sur l'extérieur par une succession de grilles ou de murs (stade Jean-Bouin, Parc des Princes, stades Géo-André, Tennis Club de Paris). Les espaces résiduels supportent principalement des flux dont les variations s'avèrent immaîtrisables : accès et sorties de matchs ou de concerts, circulation, stationnement... « L'analyse de la situation montre que la gestion de cet espace s'avère impossible dans le cadre administratif actuel. Trop de services interviennent sans concertation et même sur des objectifs similaires, ils n'arrivent pas à se partager l'espace et à rationaliser leurs investissements financiers », expliquent-ils.
Leurs propositions s'articulent autour de trois axes :
Faire prendre conscience qu'un nouveau plan de circulation et une recomposition du domaine périphérique est inévitable. « Il faut utiliser tous les moyens disponibles pour distinguer les voies rapides et le réseau urbain : signalisation, revêtement, végétation, rayons de courbure, éclairage nocturne... Aujourd'hui, la voiture doit respecter la ville et ne plus organiser l'espace urbain à son seul profit », insistent-ils. Ce travail d'endiguement des courants automobiles s'accompagne d'une réflexion sur les espaces difficiles à entretenir et inutiles pour tous (talus de périphérique, îlots directionnels, sas d'attente.... L'équipe de paysagistes suggère aussi de réduire la dimension de la place de la porte de Saint-Cloud, qui se présente comme une succession de carrefours, ce qui permettrait de dégager des contre-allées et raccourcir les trajets piétonniers. « Ces différentes actions auraient pour résultat une reconquête d'espaces qu'il faut répartir entre les circulations douces, les espaces verts et une urbanisation pour assurer par endroit la continuité du front urbain », indiquent-ils.
L'aménagement d'une continuité spatiale entre les serres d'Auteuil et la Seine qui procéderait d'une transformation de la logique d'utilisation du terrain. Actuellement, chaque club sportif clôture l'ensemble de sa concession, quitte à laisser une partie de ses terrains sans entretien, ni affectation. Il faut, à l'avenir, considérer que sur un espace ouvert au public, seuls certains équipements nécessitent une protection, ce qui permettrait de dessiner une promenade continue des serres d'Auteuil à la Seine. La liberté de circulation éviterait de ressentir le coupure du périphérique : cyclistes et piétons pourraient rejoindre le Parc des Princes ou la zone tertiaire de Boulogne à partir de la place de la porte de Saint-Cloud. Dans tous les cas, il faut profiter des opportunités présentes : arbres du stade Jean-Bouin, allées du TCP. Cette promenade se terminerait par une terrasse donnant sur la Seine et une passerelle pourrait même être accrochée sous le pont du boulevard périphérique pour rejoindre le parc Citroën-Cévennes.
La redéfinition des espaces publics de Boulogne-Billancourt qui doit trouver son originalité à travers le gabarit des plantations, la réduction du mobilier urbain et la qualité de sa signalétique. La révision en cours du POS devrait promouvoir la création ou le réaménagement de squares ainsi que la réhabilitation des immeubles en retrait. Le POS pourrait aussi instaurer des petites réserves foncières pour l'implantation de kiosques à journaux, d'aires de stationnement pour vélo ou de locaux techniques qui encombrent les trottoirs.
Cette étude, remise voilà cinq mois à Jean-Pierre Fourcade, a été transmise à la ville de Paris pour avis. Le sénateur-maire de Boulogne souhaite la création d'un groupe de travail Boulogne-Paris pour examiner ces propositions et les mettre en oeuvre.
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