En rive de Seine, au débouché du pont de Billancourt, un peu engoncé entre un immeuble monumental de Fernand Pouillon et un bâtiment de logements, un terrain de 150 m2, propriété de la mairie de Boulogne (Hauts-de-Seine), demeurait vacant parce qu’inconstructible. Nouveau PLU aidant, celui-ci s’est retrouvé constructible (antérieurement, un minimum de 200 m2 était requis) sous réserve de ne pas y creuser de parking.
C’est sur cette parcelle orientée plein sud, face à l’île Saint-Germain et aux coteaux boisés d’Issy-les-Moulineaux, que prend place cette petite opération de logements sociaux locatifs destinée à loger des fonctionnaires communaux. « On est ici en pleine nano-architecture », s’amusent les deux concepteurs, Jean Léonard et Martine Weissmann. De fait, implanter treize logements (neuf studios et quatre deux pièces, tous traversants) dans une dent creuse de 13 m de largeur et 12 m de profondeur, avec un droit à construire sur 7 m d’épaisseur seulement, relève d’un petit tour de force ! En effet, sur la façade arrière, l’immeuble voisin imposait un recul contraignant et une hauteur limitée à 19,50 m (R 6). Difficulté habilement digérée par les architectes, grâce notamment à une succession de coursives extérieures en retrait qui constituent, pour ces petits logements, autant d’espaces supplémentaires appropriables par une table et deux chaises.
Peau acoustique
En façade principale, face à un panorama grandiose, le maître d’ouvrage souhaitait naturellement des balcons... Hélas, en pied d’immeubles, le long des quais, file une route à quatre voies dont le volume sonore impose un isolement acoustique de façade de 38 dB. Comment concilier cet impératif avec le désir de disposer d’une vue généreuse sur la Seine et de profiter au maximum de l’exposition plein sud ? La solution a consisté en un dispositif de loggias abritées du bruit et des intempéries par une première peau fixe de panneaux de verre. Assemblés avec des décalages et des interstices qui rythment la composition, ils ménagent aussi une ventilation naturelle.
Grâce à cette astuce – et au gain d’isolement qu’elle procure –, les architectes ont pu mettre en œuvre en seconde peau une façade vitrée à 80 %, avec des menuiseries intérieures coulissantes standard. Manière d’offrir des balcons protégés du bruit et des intempéries. Enfin, des stores colorés se déploient en guise de protections solaires, dès les premiers beaux jours, comme sur les immeubles voisins.


