Adhérer à un réseau, à une franchise ou à une centrale d’achats, communément appelé groupement, est tout sauf anodin, surtout lorsqu’on a l’indépendance chevillée au corps. Paradoxe apparent, c’est peut-être même cette volonté de conserver cette liberté qui motive en partie la nécessité de se regrouper. Se réunir pour peser face aux groupes nationaux dans un environnement de plus en plus concurrentiel en disposant d’un large éventail de références. C’est aussi probablement le seul moyen de massifier des achats, de négocier des volumes, donc de bénéficier de prix favorables. Adhérer à un groupement est tout sauf anodin, surtout si l’on craint, en raison de la taille de sa structure, ne pas être aptes à gérer soi-même des fonctions support, les ressources humaines, les systèmes d’information, les achats, les affaires juridiques, la communication, la logistique, les services généraux.
Dans ce domaine, les groupements excellent, développent même de nouveaux services, de l’accompagnement à la reprise ou transmission au lancement de plates-formes logistiques en passant par une offre de sessions de formations, notamment techniques.
En adhérant à un groupement, la solitude du dirigeant cède la place à un tissu de relations formelles et informelles. Tous nos interlocuteurs évoquent ce « partage d’expérience » qui est tout sauf un vain mot, à l’instar de ces questions de ce dirigeant à ses alter ego : « Je veux mettre en place un projet d’étiquetage électronique. Qui a fait ça dans le groupement et pour quel bilan ? Je souhaite améliorer ma qualité logistique en mettant en place des outils un suivi de performance de mes camions. Qui a développé ces outils ? »
Adhérer implique aussi de participer activement à la gouvernance de ces structures en intégrant des commissions, le conseil de surveillance, en les animant. Seules, les têtes de réseau seraient en effectif bien insuffisant pour porter tous les dossiers. Sans distributeurs impliqués, ces groupements seraient déconnectés de la réalité du terrain. Du périmètre choisi, en fonction de ses métiers notamment, le chef d’entreprise se retrouvera, ou pas, en concurrence directe avec des adhérents du même groupement. « Connaissons-nous mieux pour travailler ensemble », lance un autre important distributeur. C’est une façon de résumer la philosophie des groupements : rester indépendant tout en jouant collectif, jouer collectif tout en restant indépendant.
Dans cet univers, certains négoces, par la diversité de leur activité, par nécessité ou pour des raisons historiques, s’engagent dans plusieurs groupements, pas avec la même intensité ni avec les mêmes attentes pour chacun, mais avec un objectif, afin de se développer dans un écosystème spécifique à son ou ses activités.
Il fut un temps où le négociant n’avait pas nécessairement besoin de se rallier à un groupement. Ce temps est presque révolu, mais cela ne signifie nullement que les groupements ont le dernier mot. D’abord viscéralement indépendant, le distributeur ne se laisse pas dicter sa conduite. Rien n’est figé et les lignes bougent régulièrement, des distributeurs sortant pour rejoindre une autre structure. Le monde de la distribution bâtiment anticipe les défis à relever avec la conscience de plus en plus fine, bien au-delà de strictes considérations financières, que l’indépendance de chacun ne sera préservée qu’à la condition expresse de s’organiser collectivement.
