«Les deux cheminées solaires des nouveaux bâtiments généraux du conseil de l’Europe ont permis aux architectes de s’affranchir des contraintes thermiques qui pèsent généralement sur les atriums. » Chargé de projet au service des études immobilières du Conseil de l’Europe, Michael Siffert résume en ces termes l’argument qui a convaincu la maîtrise d’ouvrage de l’immeuble en cours de livraison durant l’été 2007. Un second facteur a contribué à l’adhésion du jury d’architecture réuni à la fin 2002 : l’émergence de ces cheminées rappelle celle des éperons de béton en saillie sur la toiture du siège du Conseil de l’Europe, réalisé par l’architecte Henri Bernard dans les années 1960, et situé à proximité du nouveau bâtiment.
Une technique prometteuse. Signal architectural d’autant plus intéressant qu’il se situe sous un couloir aérien, les deux structures en toile PVC tendues par une armature en inox réduisent l’effet de serre en s’appuyant sur l’effet Venturi et sur la gestion technique centralisée (GTC). Durant l’été, au-dessus du canal de la Marne au Rhin vers lequel regardent les atriums, la température extérieure passe fréquemment de 32°C à 16°C, entre le jour et la nuit. Entre le quai et l’atrium de verre, la différence peut atteindre 21°C. Les cheminées de 2,7 m de diamètre, dont le couvercle peut s’élever de 80 cm en 7 mn sous l’impulsion des automates de la GTC, optimisent le stockage de l’air nocturne et l’évacuation de l’air chaud, grâce à un fonctionnement combiné avec les vantelles hautes et basses des atriums.
Si la température extérieure atteint 25 °C, elle ne dépasse jamais 28 °C en partie haute des plafonds. Outre les 32 000 m3 des espaces d’accueil, l’impact du dispositif se diffuse dans six salles de réunion de 550 places. « Réglée non seulement en fonction des températures extérieure et intérieure, mais aussi de l’hygrométrie et des prévisions à 24 et 48 heures de la météorologie nationale, la GTC résulte de la modélisation aérodynamique développée pour ce projet par Elioth, notre filiale spécialisée », précise Jean-Philippe Barth, ingénieur à Iosis (anciennement OTH).
Référence. Les cheminées solaires de Strasbourg résultent de recherches menées au début des années 2000 par OTH dans un tout autre contexte : en coiffant d’une bâche le sommet d’une montagne, le bureau d’études avait imaginé d’utiliser les mouvements d’air issus de l’effet Venturi pour produire de l’électricité. Les maquettes produites à Paris pour cette application ont séduit Steven Beckers, chargé de la haute qualité environnementale à l’agence d’architecture belge Art&Build, lauréate du concours d’architecture des nouveaux bâtiments généraux du Conseil de l’Europe. L’expérience strasbourgeoise du bureau d’études sert de référence à une autre application ambitieuse de l’effet Venturi, dans la tour Generali programmée par Unibail à La Défense. « Il ne se passe guère de semaines sans que l’on nous interroge de toutes parts sur les cheminées solaires de Strasbourg », témoigne Jean-Philippe Barth.


