« Enfin, enfin, enfin… », s’est exclamé Guillaume Pepy, Président de SNCF qui inaugurait le 21 mars la nouvelle gare Saint-Lazare. « Le chantier de rénovation de la deuxième gare d’Europe avec ses 450 000 voyageurs par jour arrive à sa fin. Depuis le lancement de l’appel d’offres fin 1996, il aura fallu quelque 15 années d’études et de travaux pour faire de cette gare, une gare aux standards du 21ème siècle ».

Inscrite à l’inventaire des Monuments Historiques, la gare Saint-Lazare n’avait connu aucune rénovation importante depuis 1970 et ne répondait plus à la qualité de service et d’accueil attendue dans une gare emblématique de Paris. Le projet de rénovation avait donc pour objectif de redonner de la cohérence, de l’ampleur et de la clarté aux espaces dévolus au public.
L’ancienne Salle des Pas Perdus devient le poumon de la gare, transformée en un vaste hall qui accueille tous les cheminements entre le train, la ville et ses transports. Cette galerie sous verrière de 200 m de long bâtie sur 3 niveaux abrite, sur 10 000 m2, 80 enseignes de commerces, services et restauration.
« Comme toutes les gares, celle de Saint-Lazare est une juxtaposition de différents volumes, qui au fil des temps deviennent très complexes, a expliqué Jean-Marie Duthilleul, architecte de la gare Saint-Lazare et Président du conseil de surveillance d’AREP. Nous avons donc recomposé cet ensemble dans la logique du bâtiment historique pour en rendre aisée et agréable la pratique par les foules ».
Outre l’attention donnée à la gestion des flux voyageurs et conformément à la volonté de SNCF à ouvrir ses gares à la ville, la maîtrise d’œuvre a travaillé sur la cohérence générale des espaces commerciaux en introduisant de la lumière naturelle qui pénètre largement jusqu’au niveau métro, sur la continuité urbaine et sur la multiplication des liaisons verticales assurant l’intermodalité .
Un PPP avant l’heure
Hors normes, voilà comment ce chantier de rénovation-restructuration peut être qualifié.
D’abord au niveau de l’investissement. Son coût de 250 millions d’euros dont 90 millions pour SNCF et 160 millions pour Klépierre en fait la plus importante opération parisienne sur les deux dernières années. « Un budget énorme pour SNCF qui a une enveloppe d’investissement de 160 millions par an pour l’ensemble de ses gares, a précisé Sophie Boissard, Directrice générale de Gares et Connexions. Sans un partenariat exemplaire, nous n’aurions pas pu entreprendre cette réalisation ».
C’est en 1996 que SNCF lance un concours auprès de spécialistes de l’urbanisme de commerces afin d’assurer le réaménagement commercial de la gare Saint-Lazare. La société Soaval, filiale à 50/50 de Klépierre et de Spie batignolles immobilier (Groupe Spie batignolles) est créée spécifiquement pour le projet. L’accord cadre et ses avenants successifs signés entre SNCF et Soaval portent sur les conditions de la collaboration entre les parties prenantes, et notamment sur la réalisation des espaces commerciaux sous la maîtrise d’ouvrage de Soaval ; l’intervention de Spie batignolles immobilier en tant que promoteur immobilier pour la réalisation des travaux placés sous la maîtrise d’ouvrage de Soaval ; la réalisation concomitante des travaux sous la maîtrise d’ouvrage de SNCF et de ceux sous la maîtrise d’ouvrage de Soaval, qui fait l’objet d’une « convention travaux », permettant de coordonner l’avancement des deux chantiers. En juillet 2008, Klépierre rachète les parts de Spie batignolles immobilier dans Soaval et signe l’Autorisation Temporaire d’Occupation (AOT) avec SNCF, se voyant ainsi attribuer la gestion des commerces et parkings pour une durée de 40 ans. Par ailleurs, elle contribue financièrement aux charges d’entretien et à l’obligation de procéder à des investissements périodiques tous les 10 ans et 20 ans.
Chantier en milieu « très » occupé
Hors normes, le chantier de la gare Saint-Lazare l’a été également techniquement. « Il a fallu détruire, creuser et construire en sous œuvre sans faire bouger le bâtiment existant d’une exceptionnelle longueur (213 mètres) et réalisé sans joint de dilatation », se rappelle François-Xavier Clédat, PDG de Spie batignolles. L’ensemble dans un environnement complexe, en milieu occupé et dans un quartier la plupart du temps encombré ». Pas moins de 200 ouvriers en 2010, 350 en 2011 et 500 durant le premier trimestre 2012, ont travaillé jour et nuit, pour extraire des milliers de tonnes de terre, restructurer et créer 5 niveaux d’échanges, de services, de commerces, de parking et les aménager.
Pour cet ouvrage qui constitue aujourd’hui une belle référence pour Spie batignolles, de nombreuses difficultés ont dû être surmontées et notamment le problème d’approvisionnement et d’évacuation de déblais sur un chantier en plein coeur de ville. Les solutions choisies ont porté sur la construction d’un passage spécial d’accès et une voie intérieure de circulation des camions et sur le recours à l’héliportage. Les livraisons importantes et les 70 000 m3 de terre étant évacués durant la nuit. Par ailleurs, la circulation des voyageurs a été assurée en toute sécurité grâce à la mise en place de tunnels suspendus des quais de la gare jusqu’à la rue et au métro.
La dernière pièce à l’édifice consiste à rénover les parvis où 200 000 personnes circulent. Les études seront finalisées cet été pour une réalisation des travaux en 2013.
Forte de cette expérience réussie que ce soit du côté financement, technique ou encore partenariale, la SNCF entend continuer sur sa lancée. « La réussite de Saint-Lazare nous donne des ailes pour lancer, dans les mois qui viennent, les rénovations des gares de Montparnasse et d’Austerlitz et celles de Nice, Montpellier et Rennes.
Le n° d’avril d’AMC consacrera un dossier sur les « gares du 21ème siècle ».
