Comment accueillez-vous la REP PMCB ?
La REP est en soi une bonne chose, et je l’ai toujours soutenue, de même que tous les acteurs du Syndicat des régénérateurs de matières plastiques (SRP), que je préside. J’ai d’ailleurs travaillé dès 2003 à la mise en place d’une REP volontaire de la filière PVC, autour de PVC Recyclage. Mais il faut veiller aux équilibres entre les différents acteurs, et à ce que les éco-organismes ne viennent pas perturber des modèles qui existent de longue date.
Comment définissez-vous le modèle de Veka Recyclage ?
Veka Recyclage achète aujourd’hui des tonnages de PVC issues de menuiseries en fin de vie. Nous en collectons 12 000 tonnes par an, auprès de centres de tri, mais aussi sur les chantiers, ce qui coûte beaucoup plus cher. C’est pourquoi d’ailleurs nous demandons aux entreprises qui bénéficient de ce service de le financer, à la hauteur de ce que leur coûterait un dépôt en déchetterie décharge ou centre d'enfouissement. Nous ajoutons à ces 12 000 tonnes, 6000 tonnes de chutes de production. Mais ces tonnages restent insuffisants, nous ajoutons des volumes venus de l’étranger, alors que beaucoup de matière finit à l’enfouissement ! Nous transformons ensuite ces déchets en PVC recyclé, que nous revendons à des fabricants de profilés, Veka et d’autres.
En quoi les éco-organismes pourraient-ils perturber ce modèle ?
Certains ont choisi des coûts d’éco-contribution volontairement très bas, qu’ils risquent de devoir rattraper en pratiquant le cost killing sur les opérateurs du déchet, qui ont pourtant des investissements lourds à amortir. Mais se pose aussi la question de l’accès à la ressource. Les éco-organismes contractualisent ainsi avec des entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS), qui ne jouent pas à armes égales avec nous en termes de coût, et qui nous privent de déchets de PVC auxquels nous avions jusqu’à présent accès ! Une baisse des volumes remettrait en cause l’amortissement d’investissements majeurs, dont la perspective s’étire sur 15 ou 20 ans, soit bien plus que la durée de l’appel d’offres d’un éco-organisme.
Je regrette de constater que les bons élèves, qui ont investi de longue date, soient ainsi exposés à un risque économique majeur. Il serait préférable que les éco-organismes jouent un rôle financier pour supporter la part que nous demandons de financer à nos fournisseur menuisiers, et d'utiliser l'opérationnalité pour élargir les possibilités de collecte supplémentaires sans se mêler de l’opérationnel dans les filières qui fonctionnent depuis bien plus longtemps que leur agrément. D’autant qu’il y a bien d’autres filières que la menuiserie où, pour le coup, tout reste à faire…
Etes-vous entendu ?
Pour l'instant, aucun des trois éco-organismes n'est prêt à nous donner une place dans sa gouvernance. Nous nous adapterons quoi qu’il arrive, mais il serait dommage qu’un outil industriel comme le nôtre ne soit plus au service de la convergence des acteurs de la filière.
La REP prévoit une éco-modulation des barèmes pour valoriser l’usage de matières recyclées. Est-ce pour vous un facteur positif ?
Bien sûr. Trop d’acheteurs nous expliquent encore que le PVC recyclé est de moindre qualité que le PVC vierge, et doit donc être moins cher. Pourtant, la marque de qualité NF558 que que nous avons initiée avec l’Afnor et qui définit clairement les caractéristiques techniques de nos matières de recyclage tout comme le font les compounder de matière vierge, prouve le contraire. Nous apportons de plus une bonification majeure du bilan carbone. Enfin, cette éco-modulation introduira un nouvel avantage compétitif. Autant d’arguments qui plaident pour une revalorisation du PVC recyclé !
La menuiserie, c’est aussi du verre. La REP vous facilitera-t-elle les choses de ce point de vue ?
Un tri séparé du verre est essentiel. Une collecte spécifique doit s’organiser, car casser le verre à la main n’est pas une solution, surtout pour des acteurs industriels de notre taille, toujours très soucieux de la sécurité de nos travailleurs.