«Un an d’avance ce n’est pas trop grave, en revanche un an de retard lorsque le marché redémarre, c’est mauvais ! », résume Philippe Mouret, dirigeant d’IC Bois, PME bretonne de charpente et ossature bois. Aussi, l’arrivée de la crise ne lui a-t-elle pas fait différer les quelque 850 000 euros d’investissement nécessaires à l’acquisition d’une nouvelle machine et à l’extension de ses ateliers de production. Une nouvelle machine qui va totalement modifier le process de production. Jusqu’à présent, une machine à commande numérique se chargeait de la coupe à longueur des montants d’ossature bois. A partir de septembre, le nouveau matériel positionnera et assurera 80 % du cloutage des montants.
« Il assemble quasiment automatiquement tout le cadre et découpe aussi le panneau de contreventement, se réjouit Philippe Mouret. En outre, la machine nécessite la présence d’un seul opérateur alors que, jusqu’à présent, ils étaient deux à ce poste. » D’ailleurs, au-delà de la réorganisation des espaces de travail – IC Bois totalisera bientôt 4 000 m² d’atelier –, le chef d’entreprise a prévu de modifier les attributions de postes. « C’est le conducteur de notre machine à découper qui va être chargé de la nouvelle machine. De plus, il y a des personnes qui vont quitter l’atelier pour passer en pose. Ils sont tous d’accord car c’est un projet auquel toute l’équipe a été associée », continue-t-il.
Appel à un consultant extérieur
Philippe Mouret a fait appel à un consultant spécialisé dans les process de production pour impulser des thèmes de réflexion qui réunissent toute l’équipe une fois par mois. « Début 2008, nous nous sommes interrogés sur notre niveau de performance et les moyens de le faire progresser. Nous avons aussi travaillé sur les outils à mettre en œuvre pour répondre à la demande. Et c’est ainsi qu’à l’automne dernier, le projet était ficelé. »
Un projet que le dirigeant n’a pas voulu différer, malgré la crise : « Certes, nous avons subi un gros trou d’activité entre septembre 2008 et février 2009 mais entre les nouvelles réglementations thermiques, le potentiel que représente le secteur du logement social, et le goût qu’ont maintenant les Français pour les maisons en bois, je crois en l’avenir », explique-t-il.
Il est vrai que, depuis 2006, IC Bois a le statut de constructeur de maisons individuelles, activité pour laquelle l’entreprise emploie une architecte et un commercial. « En contrat de construction, nous réalisons une dizaine d’opérations par an. Mais je suis convaincu que cela va progresser », estime Philippe Mouret. A cela, il faut ajouter les réalisations pour les organismes HLM, soit au total une quarantaine de maisons construites l’an passé. « Il est certain que les promoteurs privés vont s’y mettre. Nous avons déjà un programme de quinze logements à réaliser pour un promoteur rennais », se félicite le dirigeant. « Le marché a commencé à démarrer ces dernières années. Aujourd’hui, l’enjeu est d’être prêt pour répondre à une demande qui va croître dans d’importantes proportions. L’objectif est donc d’être plus réactif et plus productif. »
En septembre, IC Bois sera donc en surcapacité, au moins dans les premiers temps… « On va intégrer de plus en plus. Aujourd’hui, on réalise la vêture extérieure, l’isolation, l’étanchéité à l’air, les menuiseries extérieures, constate Philippe Mouret. L’objectif est d’arriver jusqu’au précâblage des ossatures. »
Par ailleurs, l’entreprise s’est équipée d’un poste fixe à insuffler pour pouvoir réaliser des travaux d’isolation. « Nous réalisons une grande partie de notre chiffre d’affaires via les appels d’offres. Il faut que les maîtres d’ouvrage et les maîtres d’œuvre prennent compte dans l’allotissement que les entreprises comme les nôtres interviennent sur plusieurs postes et pas seulement la charpente ou l’ossature », note-t-il.