Extrêmes climatiques : Bruges II, ni une île, ni un îlot de chaleur

La rue de l'Ile et la rue d'Alger sont fermées à la circulation alors que l'Ouche a débordé de son lit, pouvait-on lire sur le site Dijon Actualités en avril 2024. « Cela fait quatre fois que ma maison est inondée, je commence à être habitué », témoignait Michel, qui réside dans la rue de l'Ile depuis cinquante ans, devant les caméras de France 3. Avec les dernières inondations en 2001, 2013 et 2024, les habitants de ce quartier de Dijon (Côte-d'Or) vivent au rythme des crues de la rivière. C'est pourquoi Linkcity, qui aménage le nouvel écoquartier baptisé Bruges II, à une centaine de mètres à peine de l'Ouche, place la gestion du risque inondation en tête des priorités. Sur une friche de 4,7 ha, seront ainsi livrés 380 logements représentant 15 800 m² SP - l'une desplus grosses opérations de la ville en ce moment.

Menés par Bouygues Bâtiment Nord-Est, pour les immeubles, et par le groupement Colas-Pennequin-Est Ouvrages, pour les aménagements, les travaux ont démarré fin 2024. Au-delà des terrassements et de la réalisation des fondations, l'une des étapes majeures consiste à « remettre à découvert l'un des affluents de l'Ouche, en l'occurrence une section des anciens canaux de Guise enterrée depuis les années 1970 sous un parking, avant de renaturer cet espace de 1 920 m2 », décrit Harald Hoff, directeur Alsace et Bourgogne-Franche-Comté chez Linkcity. Les opérations pour retirer le sarcophage en béton qui la recouvre doivent s'achever à la fin du mois. Le bras d'eau sera ensuite couplé à un jardin de pluie capable d'absorber de fortes précipitations.

Elargir le lit de la rivière

L'aménageur ne s'arrête pas aux contours du site. « Dans un second temps, nous prévoyons des travaux d'aménagement conséquents sur les berges de l'Ouche pour élargir son lit et ainsi augmenter son volume d'expansion, en créant tout du long un parc public inondable de 6 000 m² », poursuit Harald Hoff.

Si la Ville se tourne vers sa rivière pour lutter contre le risque d'inondation, elle en profite aussi pour apporter des solutions à la problématique des îlots de chaleur urbains. Dans cette optique, les équipes R & D de Linkcity et de Bouygues Construction, en collaboration avec l'université de Bourgogne et le Centre d'expertise en efficacité énergétique (C3E), ont travaillé sur le sujet dès la conception du programme en 2020 et 2021. « Les modélisations des températures ressenties à hauteur de piéton lors des vagues de chaleur tiennent compte des prévisions de canicules en 2050. Elles ont permis d'identifier les points de surchauffe et de tester différentes approches pour les maîtriser », détaille Harald Hoff. Les îlots s'ouvrent ainsi aux vents dominants, les bâtiments sont plus épannelés, les emprises en pleine terre s'agrandissent et les arbres sont plantés en groupe, le tout favorisant le refroidissement nocturne lors d'épisodes caniculaires.

Espace maraîcher

Bien entendu, le projet fera aussi la part belle aux énergies renouvelables, avec l'installation de panneaux photovoltaïques sur le toit d'un parking silo de 223 places, et la prolongation du réseau de chaleur urbain. Plus original, il comportera un espace maraîcher de 5 500 m² qui présentera un double atout : limiter encore la hausse du mercure et participer à la résilience alimentaire du territoire.

En parallèle, des modélisations ont permis d'affiner la conception urbaine afin de limiter les îlots de chaleur.

Une section des canaux de Guise sera remise à ciel ouvert et agrémentée d'un jardin de pluie. La ville pourra alors se tourner à nouveau vers sa rivière.

Sous un ancien parking, le sarcophage en béton qui recouvre le canal sera démoli d'ici la fin juin.