Et Woodoo créa le bois translucide

La start-up Woodoo développe actuellement un bois composite imputrescible, plus costaud et plus beau.

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Un bois translucide, qui vieillit bien, particulièrement résistant au feu… Ce rêve de constructeur est en passe de devenir réalité. Ce matériau n’existe pour l’instant qu’en laboratoire, mais Timothée Boitouzet, architecte et fondateur de la start-up Woodoo, ne ménage pas ses efforts pour le développer à l’échelle industrielle. Les premières étapes, en décembre dernier, ont consisté à créer la société avec deux associés et à déposer un brevet. Comment rendre le bois translucide ? L’opération se fait en deux temps : supprimer la lignine du bois et la remplacer par un monomère qui polymérise in situ. C’est la combinaison entre ce monomère et la cristallinité de la cellulose qui rend le matériau translucide. L’intérêt est multiple. Tout d’abord parce que « l’infusion » d’un monomère modifie les propriétés du bois. Quelle que soit l’essence, ou presque, le bois devient imputrescible, ne grisaille plus avec le temps et devient plus résistant au feu car sa masse volumique a augmenté. Sa résistance structurelle s’en trouve également améliorée. La technique permet aussi d’utiliser, et donc de valoriser, des bois habituellement considérés comme de mauvaise qualité, le pin des Landes par exemple.

Afin de développer le procédé, la start-up a embauché un ingénieur des polymères. Installé à Nancy pour six mois, au Laboratoire d’études et de recherches sur le matériau bois (Lermab), cet ingénieur consacre sa thèse au bois translucide. « L’idée est que le Lermab nous assiste sur les solutions de délignification et qu’il bénéficie en retour des découvertes communes », explique Timothée Boitouzet. L’objectif, d’ici à un an, est de proposer des produits en bois translucide de faible épaisseur (inférieure à 10 mm). « Ce pourrait être un instrument de musique ou un objet du quotidien. J’aimerais confier sa réalisation à un designer de renom, qui serait le premier à utiliser notre matériau ; et Woodoo profiterait de son rayonnement », explique l’architecte en évoquant la future campagne de promotion du produit. D’ici à deux ans, Timothée Boitouzet souhaite produire un matériau plus épais (entre 1,5 et 3 cm) afin de réaliser des bardages, des menuiseries, des planchers… Et, à plus long terme, de construire des bâtiments où ce bois composite sera utilisé pour ses performances structurelles.

Rentabiliser grâce au déchet ?

Afin de rentabiliser la production industrielle du composite obtenu à partir du bois délignifié, l’architecte et ses associés misent sur la revente de la lignine du bois, dont le marché mondial à horizon 2020 est estimé à 1,4 milliard de dollars avec une croissance de 2,5 % par an environ. La Société chimique de France (SCF) voit dans la lignine une source de combustible alternative au pétrole et un biopolymère renouvelable. Il serait possible de la transformer en biocarburant ou en fibres de carbone. Elle entrerait même dans la fabrication de médicaments.

« La vente de ce sous-produit devrait nous permettre de commercialiser un bois composite, bien moins cher que du bois d’œuvre », se réjouit l’architecte. En attendant, la société a besoin de 70 000 euros afin de financer la thèse du chercheur. L’architecte estime, par ailleurs, qu’une levée de fonds, à hauteur de 2 millions d’euros, permettra d’industrialiser le procédé chimique.

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