« Les fondations représentent entre 30 et 35% du coût total d’installation des éoliennes offshore, quelles que soient les technologies utilisées », pose Béatrice Buffon, directrice générale adjointe France d’EDF Energies Nouvelles en charge de l’éolien offshore. Sur les 2 milliards d’euros d’investissement nécessaires à la création d’un parc de 500 MW (ordre de grandeur), le poste « fondations » pèse ainsi quelque 600 à 700 millions d’euros. De quoi ouvrir l’appétit des entreprises de génie civil, alors qu’EDF s’apprête à entrer dans une première phase de sélection de ses fournisseurs pour les trois parcs qu’elle s’est vu attribuer en avril 2012 lors du premier appel d’offres éolien offshore (voir calendrier ci-dessous). « Les appels d’offres de sélection des entreprises qui réaliseront les fondations seront lancés au second semestre 2014 », annonce ainsi Béatrice Buffon.
Mono-pieux et fondations gravitaires
Les trois parcs éoliens offshores obtenus par le groupement piloté par EDF seront équipés de deux types de fondations différents. A Courseulles-sur-mer (Calvados, 75 éoliennes) et Saint-Nazaire (Loire-Atlantique, 80 éoliennes), ce seront des mono-pieux d’acier de 6 mètres de diamètre fichés dans le sous-sol marin sur plusieurs dizaines de mètres. Les 83 éoliennes du parc de Fécamp (Seine-Maritime) seront quant à elles stabilisées par des fondations gravitaires en béton armé posées sur le sol (voir la vidéo ci-dessous).
C’est également l’option des fondations gravitaires qui a été retenue par EDF pour le champ de Noirmoutier (Vendée), l’un des deux parcs en jeu (avec celui du Tréport en Seine-Maritime) dans le deuxième appel d’offres éolien offshore, dont les résultats devraient être annoncés très prochainement par le gouvernement.
Des millions d'euros investis dans les sondages géotechniques
Mais alors que début avril, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) recommandait au gouvernement d’attribuer les deux champs au groupement GDF Suez/Areva, EDF croit encore en ses chances. L’entreprise estime même être « au coude à coude » avec son concurrent pour le site de Noirmoutier. Selon Béatrice Buffon, plusieurs éléments pourraient faire pencher la balance du côté d’EDF en Vendée. Le premier d’entre eux relève justement de la conception des fondations. « Pour le parc de Noirmoutier, nous avons, à la différence de nos concurrents, consacré plusieurs millions d’euros à la réalisation de sondages géotechniques en amont de la conception», assure-t-elle. Et bien leur en a pris : « nous sommes tombés sur des terrains calcaires beaucoup plus durs que ce que nous avions envisagé, ce qui rend très difficile voire impossible le forage de pieux, poursuit-elle. Cette contrainte nous a conduit à modifier le système de fondations que nous avions prévu». Les fondations initiales, de type « jacket » -une structure tubulaire en treillis métallique reposant sur quatre pieux – ont ainsi été abandonnées au profit de fondations gravitaires en béton armé, qui reposent directement sur le sol sans faire appel au forage. Selon Béatrice Buffon, le groupement concurrent qui, lui, a choisi la solution « jacket », serait donc contraint, s’il se voyait attribuer le champ d’éoliennes de Noirmoutier, de modifier la conception des fondations en cours de projet du fait de ces impossibilités géotechniques.