Après 13 années d’instruction, le juge chargé de déterminer les responsabilités dans l’effondrement mortel de la voûte du terminal 2E de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle en mai 2004 a décidé de renvoyer en correctionnelle Aéroports de Paris, mais aussi «trois autres sociétés», a révélé Europe 1 vendredi 20 octobre: le constructeur GTM Construction, Ingérop le bureau d’études et le bureau de contrôle Bureau Veritas.
Le dossier d’instruction qu’a pu consulter Europe 1 cite des expertises accablantes: l’ouvrage était «très proche de la ruine dès sa construction», écrivent les experts. Ils estiment que la faible résistance de la voûte en béton résulte d’un «manque d’attention à tous les niveaux de l’opération», ce qui révèle selon eux «un défaut de coordination et de supervision», aux «conséquences gravissimes». «Les experts ont évalué à 50% la part de responsabilité technique d’ADP, contre 25% pour Ingérop, 15% pour GTM et 10% pour Bureau Veritas.»
Techniquement, rappelons que la commission d’enquête administrative chargée à l’époque d’établir les causes de l’effondrement avait pointé la faible résistance initiale de la structure. «La coque s’est progressivement fragilisée», avait ainsi expliqué le président de la commission Jean Berthier, lors d’une conférence de presse. «Elle tenait au début et cette réserve de résistance a été rongée progressivement», avait-il ajouté. La perforation de la voûte en béton surplombant l’édifice par les pièces métalliques qui la soutenaient, avait fini par provoquer son effondrement.
Dans le résumé de ses conclusions, la commission décrivait «l’effondrement d’une structure dont la réserve de résistance initiale était faible». Des faiblesses initiales qui s’expliquaient par quatre causes, précisait le texte: «Un ferraillage insuffisant ou mal positionné», «un manque de redondance mécanique c’est-à-dire de possibilité de transferts d’efforts vers d’autres zones en cas de défaillance locale», une «faible résistance de la poutre sablière» et «le positionnement des butons à l’intérieur du béton».