Depuis deux ans, pas moins d’une dizaine de projets d’équipements touristiques ont émergé en Dordogne où le nombre de touristes a crû de 10 % en dix ans. Parmi les réalisations les plus avancées, la SNC-Marignan, basée à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), livrera en 2006 la première tranche d’une résidence de 110 logements à Montignac, berceau des grottes de Lascaux. Présent pour la première fois en Dordogne, le promoteur a répondu à une demande des collectivités, qui souhaitent fixer une clientèle de passage.
Stade d’eau vive. Du côté de Bergerac, Jean-François Carbonnell, promoteur de Villeneuve-de-Raho (Pyrénées-Orientales), misant sur la montée en puissance de l’aéroport de Roumanière boosté par la clientèle britannique, porte sur les communes de Monbazillac, Rouffignac et Ribagnac un projet de golf accompagné d’un centre de balnéothérapie, d’un hôtel 4 étoiles et d’une centaine de logements. L’aménagement du site de 151 hectares devrait mobiliser un investissement de 36 millions d’euros. Toujours dans le sud du département, à Mauzac-et-Grand-Castang, Lionel Bondois de Le Tignet (Alpes-Maritimes) est en cours d’acquisition d’un terrain de 14 hectares, entre la rivière Dordogne et le canal de Lalinde, pour y installer 150 logements et des équipements de loisirs, dont un plan d’eau. Le projet évalué à 17 millions devrait servir de lieu d’hébergement pour les sportifs nautiques et se greffer sur le stade d’eau vive programmé par l’actuel contrat de Plan Etat-région.
Les pouvoirs publics souhaitent contrôler les effets de cet engouement (voir ci-dessous). Un groupe de travail, piloté par le comité départemental du tourisme et composé de représentants du conseil général, des services de l’Etat et des socioprofessionnels, vient de se mettre en place pour les recenser, mesurer leur impact et servir de conseil aux communes. « En raison notamment des mesures de défiscalisation dans les zones de reconversion rurale, les promoteurs se positionnent. Cela nous interpelle dans un département, qui a misé sur un tourisme diffus basé sur les gîtes et les chambres d’hôtes », déclare Marc Bécret, directeur général adjoint au conseil général.
Outre les questions de qualité architecturale et d’insertion paysagère, se pose aussi celle de l’impact en termes d’investissements publics annexes. Dans ce contexte, Corinne Langlois, architecte des Bâtiments de France, a développé avec les autres services instructeurs une méthode d’appréciation des projets : « Il ne s’agit pas de les rejeter d’emblée, mais de se donner les moyens de vérifier leur viabilité. Cela s’obtient par des prises de position communes et cohérentes au fur et à mesure de l’avancée des projets », conclut-elle.