Alors que le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, Christian Estrosi, a annoncé une enveloppe de 15 millions d'euros pour l'assainissement des eaux usées de Papeete (Tahiti), la Chambre territoriale des comptes de Nouvelle-Calédonie a jugé "préoccupante" la situation de l'assainissement à Nouméa, mettant en cause une mauvaise gestion par la municipalité et dénonçant des conséquences pour l'environnement.
"La situation de l'assainissement à Nouméa apparaît préoccupante", a conclu la Chambre dans un récent rapport d'observations sur la commune.
Confrontée à un important retard, la ville avait élaboré en 1986 un schéma directeur, mais son exécution est jugée "insuffisante et désordonnée".
Ainsi en 20 ans, la commune de Nouméa n'a réalisé qu'une seule station d'épuration, pour les quartiers sud, alors que dans le même temps la ville a connu une urbanisation galopante.
"Au total s'agissant de l'assainissement domestique, la capacité des équipements est passée de 11.000 habitants à 26.500 alors que la population passait de 65.000 en 1983 à 92.000 habitants en 2004", souligne le document.
En valeur absolue, le nombre d'habitants non raccordés à une capacité de traitement a donc progressé depuis 1986. Leurs eaux usées "continuent à se déverser dans la mer et engendrent des nuisances et des pollutions", note la Chambre des comptes.
L'institution s'alarme en outre de l'augmentation "considérable du volume des effluents les plus polluants, qui émanent des zones industrielles de Ducos et de Numbo où il n'y a toujours aucun dispositif de traitement avant le rejet en mer".
La politique de la municipalité visant à favoriser la construction de stations privées est également mise en cause, notamment parce que ces équipements ne sont ni répertoriés, ni contrôlés.
Jugeant les besoins de Nouméa "considérables", la Chambre recommande un diagnostic sur "les pollutions des eaux côtières qu'engendrent ces rejets domestiques et industriels".
En réponse, la ville de Nouméa a indiqué qu'un nouveau schéma directeur d'assainissement visant à passer d'une capacité de traitement de 30% en 2007 à 90% en 2009 était en cours.
La difficulté à réaliser ces travaux, en raison d'une topologie complexe et de la rareté et de la "chèreté" des entreprises, a également été mise en avant.